C'est le printemps. Le ciel est bleu, les oiseaux chantent, un pseudo-confinement a de nouveau envahi le quotidien d'une partie de la France, et notre appartement est dans un état chaotique. A cette période comme chaque année (crise sanitaire ou non), on se dit qu'il faut vraiment qu'on mette la main à la pâte. Qu'on se débarrasse de tout ce qui prend de la place et qu'on n'utilise plus ou très peu, et qu'on arrête de se contenter d'un pauvre coup d'aspi quand la surface a plutôt besoin d'être passée au karcher tellement il y a de poussière. On se voit déjà enfiler nos plus beaux gants, plumeau à la main, pour faire le taf comme il se doit.
Et puis, vient la flemme. Une flemme phénoménale. Celle qui nous détourne de nos corvées et nous guide davantage vers une après-midi à flâner au soleil plutôt qu'à frotter les quatre coins de notre salle de bain. Ô combien humain. Pour se motiver à ne pas procrastiner, sans virer non plus à l'obsession de la propreté, on vous énumère ce que le ménage printanier a de bon au-delà d'une évidente satisfaction visuelle.
Et surtout, on conseille : à celles et ceux que ranger angoisse, allez-y par étape. Faites un peu chaque jour. Voire, envoyez cette liste d'arguments à celui qui partage votre vie, si une telle personne existe, histoire de contribuer à renverser les inégalités du partage des tâches. Après vous.
C'est tout le principe de l'illustre technique "KonMari" de Marie Kondo : faire de la place dans son salon pour faire de la place dans sa tête. Et donc, ne plus se laisser envahir par un désordre oppressant, physiquement comme psychologiquement. A ce sujet, plusieurs expert·e·s affirment également que s'atteler à ranger nos intérieurs libèrent l'âme d'un stress, mais aussi d'une anxiété notoires - et particulièrement intenses en ce moment.
C'est notamment le cas des chercheur·se·s de la Scotland Health Survey qui, en observant 3 000 personnes qui témoignaient eux aussi de stress ou d'anxiété, ont conclu que s'affairer à 20 minutes de travaux domestiques chaque semaine permettait de réduire cet état nocif de 20 %. Si tant est qu'on s'y mette à fond, et non qu'on se limite d'épousseter vite-fait le meuble télé avant de se replonger dans un épisode des Marseillais.
De plus, décrit à son tour la psychologue et autrice américaine Sherrie Bourg à Refinery29, lorsque notre environnement physique reflète le désordre et le bruit mental, il peut nous enliser davantage, alors qu'inconsciemment une maison propre est plus susceptible d'être liée à des émotions positives. Le nettoyage a ainsi été associé à une évolution de l'humeur, une diminution du stress (encore lui) et une augmentation de la créativité, poursuit-elle.
La spécialiste insiste toutefois sur un point : ce n'est pas seulement le résultat qui apaise, le processus aussi peut s'avérer efficace. Une petite étude publiée en 2014 a ainsi révélé que les participant·e·s qui s'engageaient à faire la vaisselle en pleine conscience (soit en se concentrant sur l'action de laver mais aussi sur les sensations qui l'entourent) ont signalé une réduction de 27 % de leur nervosité, ainsi qu'une amélioration de 25 % de leur "inspiration mentale". Des chiffres qui n'encouragent qu'à essayer.
Qui dit détente, dit nuits plus réparatrices. Mais ce n'est pas tout. S'endormir dans une chambre qui sent bon, vient d'être récurée de fond en comble et désencombrée d'une tonne de babioles qu'on rechignait à jeter jusqu'ici car "on ne sait jamais, on pourrait avoir de nouveau besoin de cette pinte en plastique du XV de France qui trône sur notre table de chevet", influe largement sur la qualité de notre sommeil.
D'après un rapport de la National Sleep Foundation, l'organisation américaine d'amélioration du sommeil, "les personnes qui font leur lit tous les matins sont 19 % plus susceptibles de déclarer avoir régulièrement une bonne nuit de sommeil. Et 75 % des personnes interrogées ont déclaré avoir une meilleure nuit de repos lorsque leurs draps sont fraîchement nettoyés, car elles se sentent plus à l'aise."
Rien de révolutionnaire, d'accord, mais des résultats assez significatifs pour nous donner la motivation de ne pas rouler automatiquement notre couette en boule dès qu'on se lève.
Parce qu'il a tendance à nous taper sur les nerfs jusqu'à ce qu'on ne voie plus que ça, le bordel distrait, c'est un fait. Chacun·e possède un curseur différent en ce qui concerne le stade qui nous rend fous et folles : certain·e·s explosent à la deuxième tasse laissée dans l'évier, d'autres craquent au cinquième mouton sous la table basse. Pas d'égalité face à la saleté, et à bien des niveaux d'ailleurs.
Toujours est-il qu'une fois que notre tête a intégré bien malgré elle qu'un coin de notre appartement nécessiterait un bon coup de balai, les activités qu'on exerce en parallèle s'en trouvent perturbées.
En rangeant et en lavant, voire en anticipant quotidiennement grâce à une routine peu chronophage, on met toutes les chances de notre côté pour créer un environnement plus propice à notre productivité. On peut mieux se concentrer, mieux "traiter les informations" qui nous parviennent, assurent même des scientifiques de l'Institut des neurosciences de l'Université de Princeton, et finalement, moins empiéter sur un précieux temps qu'on pourrait passer à se relaxer.
Le ménage de printemps a pour but, entre autres, de se débarrasser d'une saleté, poussière, moisissure qu'on nettoie peu. Celle qui se niche sur les livres (rarement lus, qu'on se le dise) de notre bibliothèque, celle qui graisse les plats qui stagnent dans le placard au-dessus de la gazinière, celle qui se loge sur les rideaux ou sur les vitres, celle qui noircit nos joints de salle de bain. Toute cette matière qui participe, au quotidien, à polluer notre logis et à le rendre moins hygiénique.
Lorsqu'on aspire, décrasse, frotte, purifie, on réussit par la même occasion à mieux respirer. Une étude menée en 2014 par l'American College of Allergy, Asthma, and Immunity a en effet révélé que ce nettoyage, quand il est fait en profondeur, peut nous aider à éviter les symptômes d'allergie et à se sentir en meilleure santé.
C'est une question de contrôle. En reprenant celui de l'organisation de notre environnement, que ce soit à la maison ou au travail, on cajole une confiance en soi parfois malmenée. "Désencombrer votre maison et créer un cadre de vie plus propre, plus ordonné et plus respectable peut être extrêmement valorisant", assure en ce sens le blog Organized Interiors, pro du domaine. "Et atteindre cet objectif est plus facile qu'il n'y paraît lorsque vous êtes confronté·e à la grande tâche qui vous attend."
Autant d'arguments convaincants qui nous font voir le rituel autrement qu'un passage pénible mais obligé. Alors, on commence quand ?