Faut-il le présenter. Vingt-huit millions de livres vendus, des traductions en quarante-cinq langues. C’est forcément l’auteur préféré de votre belle-sœur ou de votre collègue. Depuis 2000, son premier roman et premier carton plein « Et si c’était vrai… », il publie grosso modo un livre par an. « Sept jours pour une éternité... » (2003), « Mes amis mes amours » (2006), « L'Étrange Voyage de monsieur Daldry » (2011) pour n’en citer que quelques-uns, tous se vendent comme des petits pains. Un succès qui irrite la critique qui moque à qui mieux mieux ces « romans de gare » qui tournent systématiquement autour d’histoires d’amour sirupeuses, de belles amitiés ou d’enfances innocentes, pointant au passage les lieux communs et autre platitudes langagières qui émaillent les récits de l'auteur. « Niais », « bête », « sans surprise »… les journalistes ont la dent dure, Marc Levy n’en a cure, dénonce des « pseudo-littéraires » qui méprisent les auteurs populaires, et retourne à ses manuscrits. Il était, en 2012, d'après un palmarès exclusif GfK pour Le Figaro, dans le trio des écrivains préférés des Français avec Guillaume Musso (qui lui ravit tout de même la première place) et Katherine Pancol.
Andrew Stilman est grand reporter au New York Times et essaie tant bien que mal de se remettre de sa séparation et d’une tentative d’assassinat. Dans la grande salle de lecture d’une bibliothèque de New York, il rencontre Suzie Baker, une jeune fille qui enquête sur la vie de feu sa grand-mère, accusée de haute trahison. En pleine guerre froide, elle aurait transmis des documents confidentiels à l’ennemi. L’enquête personnelle vire à l’affaire d’État, les services secrets américains s’en mêlent. Andrew et Suzie fuient New York et se lancent dans une expédition qui les mènera jusqu’au cœur de l’Arctique pour faire la lumière sur une affaire qui semble déranger du beau monde. Suspense, indices, révélations, traques humaines et petits meurtres : Marc Levy se frotte au polar.
Aéroport de Bombay, 23 janvier 1966, 3 heures du matin. Les derniers passagers à embarquer sur le vol Air India 101 traversent le tarmac et grimpent à la passerelle du Boeing 707. Dans la salle d’embarquement désertée, deux hommes sont côte à côte, debout face à la vitre.
- Que contient cette enveloppe ?
- Je préfère que vous n’en sachiez rien.
- À qui dois-je la remettre ?
- Lors de l’escale à Genève, vous irez vous désaltérer au comptoir du bar, un homme s’approchera de vous et proposera de vous offrir un gin-tonic.
- Je ne bois pas d’alcool, monsieur.
- Eh bien vous vous contenterez de regarder le verre. Votre interlocuteur de présentera sous le nom d’Arnold Knopf. Le reste n’est que discrétion et je vous sais doué pour la chose.
- Je n’aime pas que vous vous serviez de moi pour vos petites affaires.
- Qui vous laisse entendre que c’est une petite affaire, mon cher Adesh ?
George Ashton s’était exprimé sur un ton sans complaisance.
- Soit, mais après ce voyage, nous serons quittes, c’est la dernière fois que vous utilisez la valise diplomatique indienne à des fins personnelles.
- Nous serons quittes lorsque je l’aurai décidé. Et pour votre gouverne, il n’y a rien de personnel dans ce que je vous demande d’accomplir. Ne ratez pas votre avion, j’en prendrais pour mon grade si j’en retardais encore le départ. Profitez du vol pour prendre un peu de repos, je vous trouve une petite mine. Dans quelques jours vous siégerez à la conférence des Nations unies à New York. Vous avez bien de la chance, je n’en peux plus de votre nourriture, je rêve parfois la nuit d’un bon hot-dog sur Madison Avenue. Vous en dégusterez un à ma santé.
- Je ne mange pas de porc, monsieur.
- Vous m’exaspérez, Adesh, mais faites tout de même bon voyage.
Andrew Stilman. Enquêteur alcoolique, indocile et déprimé ; ses Fernet-Coca et ses sarcasmes. C’est le journaliste typique : roublard, politiquement incorrect mais brillant, un héros comme on les aime.
Réaliser qu’on a lu 200 pages sans effort et d’une traite. Marc Levy n’est sans doute pas un grand écrivain mais il sait faire des « page-turners » avec lesquels il n’est pas déplaisant de passer un dimanche de février.