Germaine Tillion, Pierre Brossolette, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Jean Zay : voici le nom des quatre personnalités qui devraient prochainement rejoindre les soixante-quatorze hommes et femmes qui reposent déjà au Panthéon. Selon Le Monde et Le Figaro, François Hollande officialisera ses choix vendredi 21 février lors d'un discours au Mont-Valérien, dans les Hauts-de-Seine.
Deux hommes, deux femmes, quatre résistants durant la Seconde Guerre mondiale. Le choix de ces quatre personnalités panthéonisables par le chef de l'État n'est pas anodin. Le 8 mars 2013 déjà, à l'occasion de la Journée internationale des Droits des femmes, François Hollande avait annoncé l'entrée prochaine de personnalités féminines au Panthéon. Il a par la suite lancé, fin mai, une mission de réflexion sur le « rôle du Panthéon dans la promotion des principes de la République ». Dirigée par Philippe Belaval, président du Centre des monuments nationaux, celle-ci a aussi pour vocation d'établir une liste actualisée de défunts illustres susceptibles de reposer au Panthéon et respectant « la parité et la diversité ».
En choisissant les anciens résistants Pierre Brossolette et Germaine Tillion, la déportée Geneviève de Gaulle-Anthonioz et Jean Zay, ancien ministre de l'Éducation nationale sous la IIIe République fusillé par la milice en 1944, François Hollande réaffirme, soixante-dix ans après la Libération, les valeurs humanistes prônées par la République.
Surtout, François Hollande semble avoir entendu les revendications des associations féministes qui réclamaient l'entrée de plusieurs femmes au Panthéon cette année. Réunies au sein du « Collectif pour des Femmes au Panthéon », c'est elles qui avaient avancé le nom de Germaine Tillion, finalement choisi par le président de la République.
Germaine Tillion va donc prochainement rejoindre les deux seules personnalités féminines qui reposent actuellement au Panthéon : Marie Curie, deux fois prix Nobel pour ses travaux sur le radium et le polonium, et Sophie Berthelot, qui accompagne son époux Marcellin.
Grande figure de la Résistance, Germaine Tillion est aussi l'une des pionnières d'une nouvelle discipline universitaire, l'ethnologie, qu'elle pratique en Algérie dès les années 1930. Le 17 juin 1940, elle « voit sa vie basculer » en entendant le discours de capitulation du Maréchal Pétain. Elle entre alors en Résistance et fonde le réseau du Musée de l'homme, dont elle devient en 1941 chef de la filière d'évasion de prisonniers de guerre. En 1942, elle est dénoncée, arrêtée et envoyée en déportation à Ravenbrück avec sa mère. Elle relate son expérience dans les camps nazis dans Ravensbrück (1946), puis dans Le Verfürgbar aux enfers, une « opérette-revue » jouée au théâtre du Châtelet en 2007. Après la guerre, Germaine Tillion poursuit son engagement en contribuant notamment à la création, en 1951, de la Commission internationale contre le régime concentrationnaire, qui a dénoncé l'existence des goulags en URSS. Elle s'est éteinte le 19 avril 2008 à cent ans.
Geneviève de Gaulle-Anthionoz fut elle aussi une figure de la Résistance. Nièce de Charles de Gaulle, membre du Réseau du Musée de l'homme, elle est arrêtée par la Gestapo puis déportée en 1944 au camp pour femmes de Revensbrük, où elle rencontre Germaine Tillion avec qui elle se lie d'amitié. Marquée à jamais par son expérience concentrationnaire, elle en tire La Traversée de la nuit, paru en 1998. Après la guerre, Germaine de Gaulle s'engage en politique. En 1958, elle travaille au cabinet d'André Malraux au ministère de la culture, puis devient, en 1964, la présidente d'ATD qui devient en 1968 d'ATD-Quart monde. Première femme à recevoir la grand-croix de la Légion d'honneur, elle est nommée en 1988 au Conseil économique et social, et se bat pendant dix ans pour l'adoption d'une loi d'orientation contre la grande pauvreté. Celle-ci est votée en 1998, quatre ans avant la mort de Geneviève de Gaulle-Anthonioz.