C'est l'un des combats féministes les plus évoqués ces derniers temps. Et pour cause : la précarité menstruelle touche 1,7 millions de femmes en France. Un chiffre passé à 2 millions en 2020, la pandémie appauvrissant dramatiquement certaines tranches de la population.
La situation était donc plus qu'urgente, et particulièrement chez les étudiant·e·s, dont une étude menée par la Fage, l'Association fédérative des étudiants de Poitiers et l'Association nationale des étudiants sages-femmes sur 6 500 personnes, révélait qu'elles et ils (les hommes trans et étudiant·e·s non-binaires) étaient une sur 10 à fabriquer leurs propres protections périodiques faute de moyens. Et un tiers à nécessité une aide financière pour s'en procurer. Edifiant.
Depuis le 4 décembre et l'interview d'Emmanuel Macron auprès des journalistes de Brut, le gouvernement semblait avoir saisi l'ampleur du fléau, et le besoin d'agir rapidement. Quelques jours plus tard, et sous la pression de militantes féministes, les ministres de la Santé et des Solidarités et de l'Egalité femmes-hommes, Olivier Véran et Elisabeth Moreno, présentaient plusieurs mesures censées en venir à bout. Parmi elles : allouer un budget de 5 millions d'euros à cette lutte essentielle.
Une somme principalement destinée aux personnes incarcérées, aux sans-abri, aux collégiennes et aux lycéennes, et non aux étudiant·e·s, note toutefois le HuffPost.
Ce mardi 23 février, la ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation Frédérique Vidal s'est exprimée à ce sujet lors d'une rencontre à Poitiers, annonçant la gratuité des protections périodiques dans les résidences universitaires des Crous et les services de santé universitaires. Et ce, dès la rentrée prochaine. "On vise 1 500 distributeurs et une gratuité complète à la rentrée", précise-t-elle. Des produits par ailleurs "respectueux de l'environnement", ajoute le ministère.
Une avancée qui a des airs de réelle victoire pour les concerné·e·s et les activistes, bien que la route ait été éreintante. Jusque-là en effet, au-delà de l'expérimentation gouvernementale lancée il y a un an dans plusieurs lieux collectifs, la majorité des dispositifs mis en place pour pallier la précarité menstruelle étaient organisés localement, voire par les élèves directement.
Rennes-II est ainsi l'une des premières facs à avoir installé des distributeurs (30) dans ses locaux en septembre 2019, avant que d'autres lui emboitent le pas. "C'est fort de voir tout le chemin parcouru pour qu'aujourd'hui le gouvernement prenne enfin ses responsabilités", commente au Monde un représentant anonyme de l'Union Pirate, syndicat majoritaire à l'origine du projet.
Pour Anna Prado De Oliveira, vice-président en charge de la lutte contre les discriminations à la Fage, il est également indispensable de ne pas se contenter de cette décision, et de s'attaquer à la racine du problème en plus de ses dégâts économiques et matériels : le tabou nocif qui entoure les règles. "Il reste beaucoup à faire en termes de sensibilisation", déplore-t-il au quotidien. Reste à voir cette fois comment le gouvernement adressera ce fléau-là.