Le 4 décembre, à l'occasion d'une interview menée par Brut, Emmanuel Macron abordait, entre autres, le sujet de la précarité menstruelle. Le président de la République soulignait alors le caractère urgent de cette situation dramatique, qui se traduit par l'impossibilité pour certaines femmes de se fournir en protection périodiques (tout court ou pas suffisamment) faute de moyens, qu'il entendait adresser rapidement.
Dans la foulée, la Fondation des Femmes, le collectif Georgette Sand et l'association Règles Élémentaires, jugeaient cette déclaration bienvenue, mais exigeaient des "actions concrètes" de la part du gouvernement plutôt que des (beaux) discours.
Les militantes féministes rappelaient ainsi dans un communiqué que ce fléau concernait 1,7 million de Françaises. Un chiffre effrayant qui, entre mars et novembre 2020, a grimpé à deux millions. Elles réclamaient donc une mise à disposition gratuite dans de nombreux établissements publics et privés, un programme de sensibilisation, le ban de composants toxiques dans les serviettes et tampons à usage unique, et l'obligation pour les fabricants d'afficher la composition de ces produits.
Enfin, les trois organisations requéraient davantage de soutien auprès des associations de lutte contre la précarité menstruelle. Dans un communiqué daté du 15 décembre et rédigé en commun par le ministre de la Santé et des Solidarités Olivier Véran, et la ministre déléguée auprès du Premier ministre chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l'Égalité des chances Elisabeth Moreno, leur demande semble avoir été partiellement entendue.
Les deux membres du gouvernement assurent ainsi souhaiter "renforcer le combat mené par les associations pour l'accès de toutes les femmes aux protections périodiques, en ciblant notamment les femmes incarcérées ainsi que les femmes en situation de précarité et de très grande précarité." Pour ce faire, l'Etat consacrera, en 2021, un budget de cinq millions d'euros à la lutte contre la précarité menstruelle. Soit cinq fois plus que les fonds mis à disposition lors des expérimentations de 2020.
"Nous nous attaquons à un tabou, dénoncé par les associations et rappelé par le président de la République", souligne Olivier Véran dans le texte, martelant qu'il s'agit à la fois d'une "question de santé publique et de solidarité". "Les règles ne sont pas un sujet de honte", poursuit-il. "La précarité menstruelle, si, et il est de notre devoir collectif de venir en aide à des centaines de milliers de femmes qui n'ont pas accès aux protections menstruelles et de soutenir les associations mobilisées dont je souhaite saluer le travail quotidien."
De son côté, Elisabeth Moreno évoque les "nombreuses initiatives, conduites par des associations, des collectivités et surtout par la mobilisation de la jeunesse, [qui] ont mis la lumière sur cette réalité qui frappe de trop nombreuses femmes dans notre pays"
"Aider ces femmes et ces filles en situation de précarité à recouvrer leur dignité et à préserver leur santé constitue dès lors une question de solidarité et de justice sociale", ajoute la ministre déléguée. Puis conclut : "Nous sommes déterminés à poursuivre et renforcer les actions engagées pour que chaque femme et chaque fille en situation de précarité puissent avoir accès aux protections périodiques". Une promesse qui, on l'espère, ne restera pas vaine.