"Nous, associations de défense des droits des femmes, appelons les candidats à l'élection présidentielle à un sursaut. Nous n'attendons plus des discours, mais de vrais engagements et des actes forts à même d'envoyer enfin les inégalités dans les oubliettes de l'Histoire."
Anne-Cécile Mailfert (Fondation des femmes), Dominique Guillien et Françoise Brié (Fédération nationale solidarité femmes), Danielle Bousquet (Fédération nationale des centres d'information sur les droits des femmes et des familles) ou encore Sarah Durocher (Planning familial) figurent parmi les sept dirigeantes à exiger un "plan d'urgence de l'égalité" de la part du ou de la futur·e président·e de la République.
Leur tribune, publiée dans les colonnes du JDD, fait état de paradoxes hallucinants et pourtant bien réels. "Si la société s'est aussi saisie de la question des violences sexuelles, il n'y a jamais eu aussi peu de condamnations judiciaires", constatent-elles. "Si l'indignation progresse face à l'inégalité salariale, les femmes sont toujours discriminées. Si la préoccupation avance concernant le partage des tâches domestiques, les femmes en prennent toujours une part écrasante".
Alors, pour les adresser au mieux, et enfin mettre tous les moyens de venir à bout de ces fléaux sociétaux, elles présentent 10 propositions à appliquer sans attendre.
- Investir 1 milliard d'euros par an pour mettre fin aux violences conjugales. En formant les professionnels pouvant être en contact avec des femmes victimes de violences, en triplant les places d'hébergement spécialisé et en augmentant le financement des associations.
- Créer une coordination nationale de la lutte contre les violences faites aux femmes sous l'égide du président ou de la présidente de la République. La protection des femmes doit être au coeur de toutes les politiques publiques grâce à un organe chargé de l'étude, du suivi et de l'évaluation transparente des politiques publiques au plus haut niveau de l'État.
- Mettre en place des tribunaux et des brigades spécialisés, formés à la lutte contre les violences faites aux femmes et volontaires, sur le modèle espagnol.
- Constitutionnaliser le droit à l'IVG et rendre effectif l'accès à ce droit pour toutes les femmes sur le territoire français. Supprimer la double clause de conscience des praticiens, et revaloriser cet acte médical pour un droit effectif au choix.
- Garantir l'éducation de chaque enfant à l'égalité, à la sexualité et à la vie affective. Lutter contre l'industrie pornographique et sanctionner le non-respect de l'interdiction d'accès aux mineurs.
- Garantir l'accès de chaque citoyenne à des services de santé de qualité et bienveillants à moins de trente minutes de chez elle ; améliorer la prise en compte des pathologies des femmes.
- Lancer un Grenelle de l'égalité salariale pour revaloriser les métiers féminisés et garantir la présence des femmes dans les secteurs d'avenir, tout en luttant contre le temps partiel contraint et les discriminations en entreprise.
- Adopter une loi pour l'émancipation économique des femmes qui abroge les mécanismes juridiques accroissant leur précarité, et qui égalise par le haut les traitements des femmes en couple, quel que soit le régime de vie commune.
- Allonger le congé obligatoire du second parent (congé paternité), revaloriser le congé maternité sans perte de salaire et instaurer un congé parental attractif pour les deux parents.
- Adopter une réelle diplomatie féministe en augmentant les financements internationaux pour les droits des femmes et en poussant l'adoption de la clause de la législation la plus favorisée en Europe.