Cela fait plus de 20 ans que la loi française (Loi n° 2001-588 du 4 juillet 2001, article L. 312-16) exige 21 séances d'éducation sexuelles sur 7 ans passés en collège et lycée. Rapporté à l'année, cela fait 3 séances par an. Mais dans les faits, le chiffre est nettement moindre. De 21 en théorie, on passe à 2,7 en pratique, observe le collectif #NousToutes lors d'une enquête menée auprès de plus de 10 000 personnes. Dans 61 % des cas, ils sont dispensés par le ou la professeur·e de SVT, et dans seulement 0,7 % des cas par un·e référent·e égalité.
Un manquement aux conséquences concrètes. "Les séances d'éducation à la sexualité sont essentielles pour lutter contre les inégalités de genre et les violences sexistes et sexuelles", martèle le rapport. "Pourtant, même si la loi rend ces séances obligatoires, elles sont dispensées de façon largement insuffisante d'un point de vue quantitatif autant que qualitatif."
Les thèmes principaux qui y sont abordés ? Les infections sexuellement transmissibles (82,7 %), suivi des organes génitaux masculins (77 %). Guère étonnant, mais révoltant. Le harcèlement et le consentement arrivent en 3e et 4e place des sujets discutés (25,7 et 22,3 % respectivement), et les violences sexistes et sexuelles ainsi que les identités de genre sont reléguées au bas du tableau. Conclusion : "La prévention des violences sexistes et sexuelles n'est pas une priorité", constate #NousToutes.
Pire, pour 47 % des répondant·es, la notion de consentement n'est pas du tout mentionnée. 66 % estiment également que ces séances ne présentent pas du tout ou plutôt pas une vision égalitaire de la sexualité, et 85 % qu'elles ne permettent pas du tout ou plutôt pas de repérer une situation de violence.
"Il est nécessaire que des moyens soient déployés pour guider les professeur·e·s dans cet enseignement, les rémunérer pour ce travail, permettre aux référent·e·s égalité de mener leurs missions et vérifier l'application de la loi", analyse le collectif qui appelle à une mobilisation des élèves et "des personnes qui se sentent concernées". Et d'espérer un changement avec les élections présidentielles : "nous demandons à ce que le prochain gouvernement fasse appliquer la loi et vérifie le nombre de séances et le programme de l'éducation à la sexualité."
En attendant, on partage en masse, et on éduque autant que faire se peut.