Le harcèlement de rue est une réalité qui touche 99 % des jeunes filles, révélait en novembre 2020 une enquête menée par Les Glorieuses et L'Oréal Paris auprès de plus de 1200 jeunes femmes cis et trans âgées de 14 à 24 ans.
Sarah, surnommée "Sarah la crieuse", fait partie de cette tranche de la population. Celle qui connaît l'"angoisse avec laquelle on apprend à grandir" que décrit Chloé Thibaud, autrice de la newsletter Les Petites Glo dédiée à la Gen Z. Elle a 20 ans, vit à Rouen, en Normandie, et est constamment confrontée à ce fléau.
Tellement, qu'elle a mis au point des techniques semble-t-il imparables, à défaut que les hommes cessent de la harceler.
Interviewée par Konbini, elle raconte comment, très souvent, ces derniers la suivent pour obtenir son "snap", son compte sur le réseau social Snapchat. Lorsqu'elle refuse ou rétorque qu'elle n'en a pas, le harcèlement a tendance à s'empirer. C'est là qu'elle se met à faire le dindon, l'otarie, le chat, le T-Rex, ou toute autre imitation d'animal face à l'agresseur pour qu'il déguerpisse. Ce qui finit par arriver.
"Quand on est une femme, on a deux choix", constate-t-elle face caméra. "Soit être méchante et se prendre une gifle. Soit être trop gentille et la personne nous suit jusqu'en bas de chez nous. J'ai commencé à faire ces techniques-là en me disant qu'ils n'allaient pas être plus méchants, mais ils vont être déstabilisés. Et puis ça marche".
Sarah raconte également une agression qui l'a particulièrement traumatisée. Elle avait 16 ans, c'était le soir du 14 juillet, au Havre. Une dizaine de garçons l'ont suivie jusqu'en bas de chez elle et lui ont "mis des mains aux fesses". Depuis, elle explique avoir "un blocage envers les hommes". "Quand je sors j'en ai peur", confie-t-elle au média. "Quand je vois un groupe d'hommes et que je me dis 'je dois passer devant ça', je pense que je ne suis pas la seule femme mais je suis tétanisée".
Afin que le plus grand nombre puisse s'inspirer de ses idées, elle partage sur TikTok des vidéos in situ, certaines atteignant jusqu'à 5 millions de vues. Un succès toutefois révélateur d'une réalité dramatique : celle que les femmes doivent, encore en 2021, ruser pour évoluer dans l'espace public.