"Nous disons qu'il devrait y avoir plus d'égalité". Voilà le message que souhaite faire porter aujourd'hui Helle Thorning-Schmidt, ancienne Première ministre du Danemark et membre du conseil de surveillance du groupe Meta (anciennement Facebook), afin de questionner une problématique régulièrement évoquée : la censure des poitrines féminines sur Facebook et Instagram.
Un phénomène qui semble s'opposer à un enjeu de liberté, mais aussi d'égalité des genres, selon la membre du conseil de surveillance, qui s'est expliquée lors d'une conférence en ligne : "Nous demandons à Meta de se pencher sur cette question. Cette mesure nuit à la capacité des femmes, des personnes transgenres ou non-binaires à s'exprimer. En outre, il est intéressant de remarquer que les seuls mamelons non sexualisés sont ceux des hommes ou ceux qui ont subi une opération".
A l'origine de ces nouveaux débats, le retrait exigé par Facebook des publications d'un couple transgenre et non-binaire, en attente d'une ablation des seins, en appelant à une levée de fonds pour une future opération. Et ce bien que sur les photos incriminées, les tétons étaient couverts.
Cette suppression a fait réagir le 17 janvier le conseil de surveillance de Meta, aussi bien composé de journalistes que d'avocats, qui a déclaré dans son communiqué : "Le retrait de ces images n'est pas conforme avec les valeurs de Meta ou ses responsabilités en termes de droits humains".
En outre, le conseil incite fortement Facebook et Instagram à revoir leur conception du genre, autrement dit leur "vision binaire, basée sur une distinction entre les corps masculins et féminins". Distinction trop souvent sexiste puisque, comme l'a signalé Helle Thorning-Schmidt, ce sont bien trop souvent les femmes qui font l'objet de ces suppressions et avertissements quant aux contenus jugés "non conformes" au règlement des plateformes. Des restrictions que le conseil juge "nombreuses et confuses".
Bien souvent, les contenus censurés par Facebook et Instagram ont fait du bruit. On pense aux suppressions dont avaient fait l'objet les magnifiques affiches du film de Pedro Almodovar Madres paralelas, mettant en vedette un téton. En septembre 2021, des manifestantes britanniques affublés de seins gonflables géants se mobilisaient même face aux bureaux londoniens de Facebook pour dénoncer cette situation.
En espérant une (r)évolution ?