Impossible de ne pas admirer Golshifteh Farahani. L'actrice iranienne, qui a quitté son pays de naissance à l'âge de 25 ans, est à l'affiche de "Roqya", prometteur film de genre à découvrir en salles ce 15 mai. Elle y côtoie notamment l'humoriste Jérémy Ferrari. Sa voix est toujours intime... Et politique.
Car sur les ondes d'Inter, l'actrice née pendant la guerre, et qui durant son adolescence fut attaquée à l'acide en pleine rue car jugée "insuffisamment couverte", est revenue sur son exil et son arrivée en France, et plus précisément à Paris, au sein de la famille de son ancien conjoint, puis auprès du scénariste Jean-Claude Carrière. A l'écouter, ce nouveau départ douloureux a considérablement marqué sa vie de femme.
Vie au sein de laquelle elle défend ses convictions. Il y a quelques années, l'actrice posait nue pour le magazine Egoïste afin de lutter pour le droit fondamental des femmes à disposer librement de leur corps. Elle raconte : "J'ai regagné ce que j'étais et ce que j'ai enterré dans la cave de ma maison. Il y avait beaucoup de choses que je ne pouvais pas faire si je restais cette femme-là sous le foulard, j'ai été obligé de tout changer".
"À Paris, je voulais dire, je suis une femme, je suis féminine et je veux vivre entièrement et à n'importe quel prix", poursuit-elle. Avant de s'attarder sur ce que cet évènement a changé dans sa vie.
Pour Golshifteh Farahani, partir, c'est redevenir soi-même ! Elle relate : "Je suis devenue une Parisienne. Je connais mieux Paris aujourd'hui que Téhéran, pour moi, c'est mon pays, c'est ma ville et je l'aime beaucoup". Et l'actrice de conclure : "quand je suis venue à Paris, je voulais être moi-même dans la vie. En Iran, nous sommes un peuple qui attend toujours que la guerre se finisse, que la situation s'améliore, en attente de pouvoir partir, puis de revenir. On est toujours en train de rêver d'un temps qui n'existe pas !".
En 2016, dans nos pages, l'emblématique comédienne, à la carrière internationale (Mensonges d'État, À propos d'Elly, Poulet aux prunes, Exodus: Gods and Kings, Pirates des Caraïbes : La Vengeance de Salazar) témoignait déjà : "Etre en exil, c'est comme vivre sans un bras. C'est fatigant, mais on apprend à vivre avec. C'est quelque chose qui ne disparaît jamais, c'est comme un deuil, mais il faut bien avancer".
Et louait le courage des Iraniennes : "Les femmes iraniennes sont tellement fortes et ont déjà tellement avancé... Les femmes orientales sont beaucoup plus enracinées que les femmes en Occident. Je souhaite bonne chance aux hommes iraniens lorsqu'ils vont devoir affronter cette renaissance des Iraniennes, cette force"