Des sanctions contre les femmes non voilées, c'est ce qu'exigent les voix les plus conservatrices en Iran. Une exigence dont on devine l'intention : tenter d'étouffer la révolution citoyenne qui flamboie au sein du pays depuis septembre 2022. Des mois durant, les Iraniennes sont descendues dans les rues afin de s'indigner de la mort suspecte de Mahsa Amini, 22 ans, décédée après son arrestation par la police des moeurs.
La lutte des Iraniennes consistait également à protester contre l'obligation du port du voile. Et ce, en retirant ou brûlant leur voile, lors de mobilisations mais aussi de vidéos relayées sur les réseaux sociaux. Une protestation logique : c'est au motif que son voile aurait été "mal mis" que la regrettée Mahsa Amini avait été arrêtée par la police des moeurs à Téhéran. Voile dont l'obligation est d'autant plus imposée en ce mois d'avril.
Le mot d'ordre ? "Pas de pitié".
Ce sont effectivement ces mots virulents et fermes qu'a employé le chef de l'autorité judiciaire iranienne, Gholamhossein Mohseni Ejei, le 1er avril dernier. Précisément, rapporte le JDD, ce dernier a menacé de "poursuivre sans pitié" toutes les femmes qui apparaîtraient publiquement sans voile, ajoutant : "celles qui commettent de tels actes anormaux seront punies. Se dévoiler est contraire aux valeurs iraniennes".
Aucune ambiguïté donc. D'autant plus que le président iranien Ebrahim Raïssi a à l'unisson approuvé ces menaces de répression envers les citoyennes : "le port du hijab est une obligation légale", a-t-il affirmé. Une assertion officielle qui va de paire avec des discours plus menaçants et bellicistes. Ainsi, rapporte Courrier International, le journal ultraconservateur Hamshahri n'a pas hésité ces derniers jours à publier une lettre ouverte dénonçant "la promotion de la nudité par des femmes qui ont enlevé leur hidjab". Un inquiétant choix de lexique...
Doit-on s'étonner de ces discours ? Malheureusement, non. Depuis trois mois déjà a été déployé au sein du pays le programme Nazer-1 ("surveillance" en persan) qui assure un contrôle du voile en voiture par textos. Chaque contrevenante reçoit un SMS envoyé par les services de police. Quelques mois plus tôt encore, Mohammad Saleh Hashemi Golpaygani, secrétaire de l'organisation de la promotion de la vertu et le rejet du vice, proposait déjà de déployer un contrôle de ce type par reconnaissance facile, à l'aide de caméras de surveillance.
Autant de menaces pour celles qui luttent pour leurs droits.