Un triangle, formé par deux mains jointes. C'est ce geste qu'a brandi la députée EELV Sandrine Rousseau à l'Assemblée nationale ce 4 octobre, en réponse à une déclaration de la députée Aurore Bergé, s'exprimant au sujet des violences conjugales. La présidente du groupe Renaissance incitait dans ses propos les victimes de violences à aller porter plainte, se référant entre les lignes à la récente affaire Quatennens. "Dès que vous recevez une gifle, allez porter plainte", a lancé Aurore Bergé, sous les applaudissements de son camp.
Mais que signifie donc ce signe de la main qui a beaucoup fait réagir à l'Assemblée ? Simple : Sandrine Rousseau elle-même explique qu'il s'agit d'un geste féministe qui était particulièrement populaire "lors des mouvements des années 70", comme le rapporte le journaliste d'informations Gauthier Le Bret. Plus précisément, ce signe de lutte a été initié par les féministes italiennes.
"Les élues à l'Assemblée rappellent aussi que ce geste symbolise un vagin à l'envers", relate encore le reporter politique Paul Larrouturou de LCI, précisant par ailleurs que Sandrine Rousseau "risque une sanction car ce genre de geste politique est formellement interdit dans l'hémicycle".
Un signe engagé donc et qui revient en force.
Et pour cause, ce "vagin symbolique" figure également sur l'affiche de la prometteuse exposition "Parisiennes citoyennes ! Engagement pour l'émancipation des femmes". Un panorama historique, féministe et photographique des luttes pour les droits des femmes, par les femmes, qui se tient au Musée Carnavalet de Paris, et qui revient justement sur les combats féministes qui ont ponctué les années 70.
Comme le rappelle le magazine Elle, le "triangle inversé" (son autre petit nom) fut également largement visible lors des manifestations de femmes organisées à l'occasion du procès de Bobigny en novembre 1972, procès où a éclaté l'engagement féministe de la regrettée avocate Gisèle Halimi. Pour rappel, ce jugement emblématique concernait cinq femmes, chacune risquant une condamnation pour avoir avorté. C'est la féministe italienne Giovanna Pala qui la première aurait réalisé ce geste, en 1972.
"Le torchon brûle et le respect des femmes ne souffre pas de postures politiciennes d'un groupe politique incapable de mettre 1 milliard sur la table pour la lutte contre les violences et de donner les moyens à la justice", a commenté Sandrine Rousseau sur Twitter, une Une de la revue féministe éponyme des années 70 en évidence, ornée d'un slogan éloquent : "Des milliers et des milliers de femmes en révolte".
Une manière de fustiger le gouvernement, et son budget jugé encore insuffisant afin de lutter contre les féminicides et les violences faites aux femmes. Cela fait des années que les associations féministes en appellent à un investissement d'un milliard d'euros à ce titre, sur le modèle exemplaire de l'Espagne.