Après avoir fait l'objet d'accusations de "violences psychologiques" sur son ex-compagne, le secrétaire national d'Europe Écologie-Les Verts Julien Bayou a démissionné de son poste le 26 septembre dernier. Une enquête interne de la cellule d'écoute EELV avait été déclenché fin juin suite à un mail de son ex-compagne, sans qu'aucune plainte n'ait été déposée.
A ce sujet, l'écoféministe Sandrine Rousseau, sur le plateau de l'émission C à vous le 19 septembre dernier, avait évoqué des "comportements de nature à briser la santé morale des femmes" mais également une "tentative de suicide" de l'ex-compagne en question. Sans donner plus de détails pour autant.
Alors que son avocate s'était exprimée à sa place lundi 26 septembre, jour de sa démission, lors d'une conférence de presse, Julien Bayou a pris la parole pour la première fois dans les pages du Monde.
"Sandrine Rousseau est allée trop loin. Et tout le monde le mesure. Pour moi, il ne faut pas confondre féminisme et maccarthysme", a fustigé le député.
Pour Julien Bayou, les déclarations de Sandrine Rousseau sont très discutables. Selon lui, l'ancienne candidate à la primaire écolo "porte des accusations que vous ne pouvez contredire, car il n'y a pas d'enquête". Bayou développe : "Beaucoup à EELV m'écrivent pour me dire que c'est allé trop loin, mais ils n'osent le dire en public. Ce n'est pas un excès du féminisme, c'est un dévoiement".
"On ne balance pas à une heure de grande écoute la situation psychologique de quelqu'un qui souffre ou des accusations sans éléments. Moi, il m'arrive de dire que je ne vais pas répondre, quand il s'agit de vie privée et de protection des personnes. Le privé ne doit pas être instrumentalisé à des fins politiciennes", fustige-t-il.
Pour Julien Bayou, Sandrine Rousseau ne ferait pas honneur au combat féministe. "Le mouvement #MeToo est une révolution nécessaire et inachevée. Mais je ne confonds pas les soubresauts, les combats nécessaires, les avancées, le militantisme de cette génération qui compte et qui aspire à l'égalité, avec ce dévoiement", s'est encore exprimé le député.
Alors que les voix contradictoires, et notamment au sein des militances féministes, aiment à rappeler que "le privé est politique", Julien Bayou de son côté en appelle "au respect des personnes, de la vie privée, de la justice et de l'Etat de droit". "Il n'y a pas d'affaire Bayou. Il n'y a pas d'accusation. Il n'y a pas de fait sous-tendant les anathèmes que j'ai pu entendre. Je suis dans la situation de quelqu'un innocent des faits dont on ne l'accuse pas", a affirmé le député, décrivant une situation "kafkaïenne".
Cette interview intervient quelques jours après l'enquête fracassante de Libération révélant que le leader écolo faisait l'objet depuis trois ans d'une surveillance étroite de militantes féministes, hors de tout cadre formel, dans le but de "s'assurer de son comportement envers les femmes et de protéger sa compagne". "Oui, en 2019, j'ai dû demander à une femme militante de cesser d'enquêter sur moi, et surtout de colporter rumeurs et accusations sans preuves", assure-t-il au Monde. "J'y vois une instrumentalisation en vue d'un règlement de compte."
De son côté, la cellule contre les violences sexistes et sexuelles d'EELV a jugé ce samedi 1er octobre qu'il n'y avait "pas lieu de suspendre de manière conservatoire" Julien Bayou. Son ex-compagne a pour sa part enfin saisi la cellule interne d'EELV ce 3 octobre, souhaitant être auditionnée "sous certaines conditions assurant la sécurité des témoignages", a précisé son avocate Elodie Tuaillon-Hibon.