Le vaisseau SpaceX a décollé de Cap Canaveral, en Floride, ce 23 avril à 8h30 heure de Paris. A son bord, trois astronautes américain·e·s et japonais - Shane Kimbrough, Megan McArthur, Akihiko Hoshide - et le spationaute français Thomas Pesquet. La mission Alpha - où ce dernier effectuera 4 sorties dans l'espace et sera impliqué dans 12 expériences, dont une sur le vieillissement cellulaire et des tests dédiés à des emballages plus écologiques - durera six mois.
Un semestre entier au sein de la Station spatiale internationale (ISS) pendant lequel l'équipage ne verra les siens que par écrans interposés. "C'est un peu comme des vacances en centre aéré", décrit l'ex-pilote d'Air France dans une interview pour l'édition week-end du Parisien, réalisée quelques jours avant son envol pour les étoiles.
"C'est une parenthèse avec de nouveaux amis, de nouveaux paysages, de nouvelles activités. Tout est différent. C'est fantastique, une aventure unique. Mais au bout d'un moment, on a envie de retrouver sa vie normale, sa chambre, ses parents... de revenir sur sa planète."
A ce sujet, celui qui partage sa vie avec Anne Mottet, ingénieure de formation et chargée de politiques d'élevage à la FAO, le département de l'Organisation des Nations unies pour l'Alimentation et l'Agriculture, s'est confié sur la façon dont ses proches "s'accommodent" de ce mode de vie.
"Mal peut-être, et c'est normal. Ce n'est pas un métier idéal pour la famille. Astronaute, c'est une passion dévorante. Je travaille toute la journée et le soir aussi. Le week-end, je fais du sport, ce qui fait aussi un peu partie du job. C'est un métier qui contamine tout", affirme-t-il. Avant de développer : "On se laisse facilement absorber et la famille passe alors en second, malheureusement. Je pense qu'il faut essayer d'en profiter à fond entre les missions et dégager du temps pour ses proches, sinon, les liens se distendent".
Il aborde également un point qui, aujourd'hui encore, reste particulièrement tabou dans notre société : le fait, pour un couple, de ne pas vouloir d'enfant. "On n'a jamais eu tellement le temps, ni l'envie irrépressible d'en avoir", explique Thomas Pesquet aux journalistes qui lui demandent si sa carrière a pu entraver une potentielle parentalité.
"Un choix de couple" évoqué avec une franchise rafraîchissante, qui contribue à normaliser la décision, pour deux personnes mariées de surcroît, de ne pas vouloir donner la vie - et la preuve que l'on n'en demeure pas moins une famille. Un message libérateur pour tous ceux et celles qui se retrouvent trop fréquemment face à des réflexions stigmatisantes ou infantilisantes lorsqu'ils énoncent leur non-désir d'enfant.
Et qui, sans aucun doute, fera évoluer les mentalités... jusque dans la stratosphère ?