La vidéo est insoutenable. Elle dure seulement 4 minutes, mais les images sont terribles. On y voit sur des vidéos de caméra de surveillance prises dans la ville de Guarapuava au Brésil et datant du 22 juillet, un homme, Luís Felipe Manvailer, frapper sa femme Tatiane Spitzner dans un parking. La victime tente de le fuir, mais son bourreau la rattrape. Toute la vidéo est tournée sans son.
Plus tard sur des images de la caméra de surveillance de l'ascenseur, on la voit entrer et tenter de fermer la porte avant qu'il ne puisse y pénétrer. Mais trop tard, il entre à son tour et tente de l'immobiliser alors qu'elle se débat. Elle réussit à sortir au premier étage, mais il la rattrape et la fait monter de force au cinquième étage.
Vingt minutes plus tard, on le voit descendre seul. Quelques instant plus tard, il remonte avec le corps inerte de Tatiane Spitzer. Celle-ci est morte en tombant du 5e étage. Sur les images des caméras de surveillance de l'extérieur de l'immeuble, on aperçoit le corps de Tatiane, flouté.
L'homme traîne son corps dans le couloir et revient quelques instants plus tard pour nettoyer le sang dans l'ascenseur. Il a également pris le temps de se changer. Luís Felipe Manvailer prend sa voiture et passe devant les policiers, qui examinent la scène où Tatiane Spitzer est tombée avant qu'il ne récupère le corps.
Attention les images ci-dessous peuvent choquer.
Ces images abominables ont été révélées dans l'émission de télévision Fantástico dimanche 5 août. Elles ont indigné le Brésil et lancé un débat sur les violences domestiques alors qu'une femme meurt toutes les deux heures de violences conjugales dans ce pays d'Amérique latine.
Ce genre de violences, qui restent le plus souvent dans la sphère privée, sont rarement dévoilées au grand jour de manière aussi crue que dans la vidéo. Ce qui a aussi choqué, c'est que les cris de Tatiane ont duré quinze minutes et que personne dans le voisinage n'est intervenu.
La soeur de Tatiane Spitzer a créé un compte Instagram "TodosporTatiane", "Tous pour Tatiane" où elle a posté des photos de sa soeur. Elle y prévient les 112 000 personnes qui la suivent déjà après seulement quelques jours d'activité : "La violence laisse des marques. Ne pas les voir mène au féminicide".
Selon le New York Times, seul un quart de celles qui subissent des violences portent plainte. Le peu qui ose se font refouler ou n'est pas prise au sérieux. Ainsi, beaucoup n'essaient même pas de porter plainte. C'est le cas de Tatiane Spitzer dont la police n'a reçu aucune plainte et qui a pourtant été vue avec de nombreux bleus pendant les cinq ans de son mariage avec Luís Felipe Manvailer.
Interrogée par le New York Time, Madame Canineu qui travaille pour l'organisation Human Rights Watch, explique : "Au Brésil, nous avons une très bonne loi. Le problème c'est qu'elle n'est pas appliquée. Il y a plusieurs raisons : les stigmates, la dépendance économique ou l'inquiétude pour les enfants. Mais souvent, c'est la conviction que l'État ne fera rien."
Sur l'autre grand réseau social qu'est Twitter, le mot-clef #metaAcolher, "coince une cuillère", s'est répandu pour demander aux gens de s'interposer s'ils sont témoins de telles scènes. Cela fait référence à l'expression populaire brésilienne : "Quand une bagarre éclate entre mari et femme, n'y coincez pas une cuillère".
Luís Felipe Manvailer a été interpellé par la police très peu de temps après sa fuite. Il affirme que sa femme s'est suicidée en sautant elle-même du balcon.