Après le naufrage des migrants au large des côtes de Lampedusa le 11 octobre dernier, Zone Interdite a décidé de rebondir sur l’actualité en diffusant dimanche soir un reportage sur l’enfer des traversées clandestines. La particularité du sujet ? L’équipe de journalistes a embarqué avec les migrants, comme assure la voix-off du générique : « Pour la première fois à la télévision, des caméras ont suivi pendant un an le parcours de ces migrants. » Oui mais problème : les journalistes sont soupçonnés d’avoir encouragé les clandestins à entreprendre le voyage et de l’avoir financé.
Dès le début du reportage, le générique plonge le spectateur dans un scénario catastrophe clairement assumé par la production. Le sensationnalisme est de rigueur et pose la question de la mise en scène : la traversée des clandestins a-t-elle été orchestrée par la production ? Émile, Joseph et Elie ont été filmés par l’équipe de journalistes pendant leur traversée de la Méditerranée. Ils accusent aujourd’hui la société de production et « estiment avoir été victimes d'un certain nombre d'infractions » selon leur avocat Me Jérémie Assous. Les trois protagonistes ont déposé plainte pour « aide directe et indirecte à l’entrée et au séjour irrégulier » accusant l’équipe du reportage de les avoir poussés à entreprendre le voyage et de l’avoir financé, ce qui enfreint les règles de la déontologie journalistique et la loi sur l’entrée et le séjour des clandestins.
L'avocat des trois clandestins maintient que ceux-ci « ont toujours refusé de signer une quelconque autorisation d'enregistrement et de diffusion de leurs images, malgré les nombreuses demandes de cette société de production ». Leur plainte implique également une « mise en danger de la personne », « l’omission de porter secours » et une « escroquerie ». Selon leur affirmation dans Le Grand Direct des médias sur Europe 1, le producteur Tony Comiti leur aurait proposé 7000 euros pour qu'ils se taisent. Les migrants camerounais s’estiment ainsi dupés et accusent l’émission de les avoir attirés pour les besoins du sujet et de les avoir laissés pour compte après la réalisation de celui-ci : « Alors que nous étions en Libye, des journalistes nous ont incités à nous rendre clandestinement en France en nous promettant monts et merveilles : hébergement, régularisation, une formation pour Joseph, l’entrée dans la Légion pour Emile et moi. Ils nous ont dit que tout le monde parlerait de notre histoire. Ils ont même pris en charge une partie du voyage. À notre arrivée à Paris, mi-juillet, ils nous ont abandonnés », ont-ils confié au Nouvel Observateur.
La société de production a quant à elle dénoncé « des insinuations fausses et diffamatoires ». « Nous avons payé leur billet de train par humanité, comme dans le désert on donnerai de l’eau à quelqu’un qui a soif », s’est défendu le producteur sur Europe 1. Les journalistes auraient ainsi aidé les trois clandestins à prendre le train pour Paris comme indique la voix-off du reportage : « Depuis 8 mois, des liens se sont tissés. Devant leur détresse, nous avons décidé de prendre en charge leurs billets ». Pour Tony Comiti, les trois hommes sont « manipulés par un avocat en quête de gloriole ». L’avocat en question, Jérémie Assous, a été en effet médiatisé pour avoir obtenu gain de cause concernant le droit de travail des candidats de téléréalité. « C’est l’avocat spécialiste des gens de télévision, c’est quand même curieux non ? », s’est offusqué le producteur vendredi sur Europe 1.
Manon Adoue
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