L’intitulé de son article, « l’envers du décor » parle de lui-même… Très enthousiaste à l’idée de faire connaitre son entreprise naissante et de s’attirer une clientèle fidèle, Sylvie Pastur, gérante d’Escale Design, une enseigne de meubles design, signe un accord avec la société d’achat groupé Groupon. Très satisfaite du succès remporté par Groupon, elle se rend vite compte que le contrat signé avec le commercial comporte quelques surprises.
Au départ, la jeune femme signe deux deals avec Groupon : un deal portant sur un bon d’achat de 200 euros à dépenser sur le mobilier, au prix de 29 euros pour le client. Sachant que le moindre article de son magasin coûte au moins 500 euros, elle explique pouvoir couvrir son « prix d’achat et même comptabiliser un petit bénéfice, le but étant de faire connaître le magasin et de fidéliser une clientèle ». Seulement voilà, au moment de signer le contrat, le commercial lui informe que le « win-win », commission de 50% sur le montant du deal payé par le client rétrocédé au partenaire commerçant, passe à une commission de 100%.
De plus, après avoir signé le contrat, le commercial lui explique, très brièvement, que vis-à-vis de la loi, elle est obligée d’avoir au moins un article à 200 euros en magasin. Résultat : la gérante réalise des ventes à perte, puisque ses articles vendues 200 euros lui coûtent à l’achat 100 voire 120 euros. En effet, selon elle « le deal mis en ligne par GROUPON fait mention d’un pourcentage de rabais par rapport aux 200 euros du bon d’achat et le prix du deal de 29 euros que le client paie en réalité, soit plus de 80% ».
Une fois ces articles à bas prix épuisés, Sylvie Pastur raconte qu’elle a tenté d’expliquer aux clients que les articles étaient au minimum de 500 euros, ce qui lui a valu des insultes de la part des acheteurs du deal GROUPON !
Le second deal est mis en ligne à une semaine d’intervalle du premier deal. Il porte sur une séance de coaching déco à domicile de 4 heures et un bon d’achat de 200 euros à dépenser sur toute commande de mobilier. Ce deal coûtait 49 euros pour le client, pour une séance d’une valeur initiale de 500 euros. Le matin de sa mise en ligne, 104 personnes ont déjà acheté le deal. Mission impossible pour la gérante qui ne se voit pas assumer plus de 150 coachings. Mais la réponse du commercial est ferme : « IMPOSSIBLE d’annuler le deal, mais ne t’inquiète pas, on va prolonger la validité du deal de 6 mois à 9 voire 12 mois et de toute façon ce soir à la clôture, tu ne dépasseras pas les 300 ». Forcée de devoir honorer la demande, Sylvie Pastur fait appel à une architecte d’intérieur.
Au total, ce sont 673 personnes qui ont acheté le deal, et pas seulement en France ! Certains clients résident en Belgique, et la jeune femme est obligée de parcourir toutes les régions, à ses propres frais. A l’issue des 15 premiers coachings, Sylvie comprend que le bon d’achat utilisé en complément de la séance de coaching n’est pas utilisé par les clients, parce qu’ils n’en ont pas besoin, ou parce qu’ils « s’attendent encore une fois à bénéficier d’un article de ce montant sans devoir débourser 1 euros ».
Au final, Escale Design totalise plus de 1000 acheteurs, soit un gain pour GROUPON d’environ 50 000 euros et rien pour l’enseigne de design, qui s’est donc vu contraint de cesser les activités afin de sortir la tête de l’eau.
De plus, le magasin s’est vu bénéficier d’une publicité négative, puisque GROUPON a envoyé une note aux clients informant que c’est Escale Design qui n’a pas pu honorer les demandes.
De son côté, GROUPON a répondu à ces accusations en expliquant qu’après avoir fait part de son insatisfaction, la firme est restée sans nouvelles de la gérante, et a donc annulé les deux offres et proposé un remboursement intégral aux internautes. Sylvie Pastur, qui en appelle aux commerçants mais également aux consommateurs à boycotter la société GROUPON, fait donc partie des premières victimes de la firme multinationale GROUPON.