A l’origine, un homme visionnaire, Jean Scelles qui découvre le proxénétisme et consacre sa vie à le combattre. Avec sa femme, ils créent les Equipes d'Action contre la traite des femmes et des enfants, puis la Fondation Scelles en 1993. Depuis trois ans, Jean-Sébastien Mallet en est le délégué général.
A la question pourquoi un homme à la tête du combat contre l’exploitation sexuelle, la réponse de Jean-Sébastien Mallet est claire : « c’est un débat universel qui doit être porté aussi bien par des femmes que par des hommes ». La Fondation Scelles veut croire en une société libérée de toutes les atteintes à la dignité humaine.
Elle défend une certaine conception des êtres humains, où « l’homme n’est pas considéré comme un outil », explique notre interlocuteur. Mais l’enjeu est de taille. 20 millions de personnes seraient concernées par la prostitution à travers le monde. C’est un trafic extrêmement lucratif, les revenus de la prostitution dépassent ceux de la drogue.
La Fondation Scelles dénonce la traite des êtres humains. La plupart des femmes qui en sont victimes, sont destinées à l’exploitation sexuelle. Elles se retrouvent au cœur des réseaux de prostitution et y subissent la violence la plus primaire. « 80% des personnes prostituées sont entre les mains des proxénètes », explique Jean-Sébastien Mallet.
Il existe aussi une prostitution des « victimes de la vie ». Ce sont des personnes qui se sont prostituées suite à un accident de parcours, une succession d’échecs. « On ne se prostitue pas par hasard, il y a toujours un événement déclencheur, un choc à l’origine », ajoute le délégué général de la Fondation.
Autre cheval de bataille : la prostitution des jeunes. « Nous n’avons pas de chiffre précis », rapporte-on à la Fondation, mais c’est un fait, des jeunes issus de milieux très différents sont amenés à se prostituer pour des raisons multiples : précarité, manque d’argent, volonté de rentrer dans des standards, désir de mimétisme des plus aisés.
Dans son combat, la Fondation prône des valeurs de respect, de dignité humaine, de liberté individuelle et de solidarité. Elle refuse toute réglementation de la prostitution. Pour cela, elle s’engage contre la reconnaissance du métier. « Le système du réglementarisme a été un échec en Allemagne comme aux Pays-Bas », dénonce Jean-Sébastien Mallet. Ne pas réglementer la prostitution, c’est déjà un premier pas pour la décourager. Dans sa ligne de mire également : la lutte contre la demande en jouant la carte de la dissuasion des clients. « Plus de 70% de la demande pourrait être dissuadée, s‘il y avait davantage de sensibilisation », note Jean-Sébastien Mallet.
La fondation mène un travail quotidien d’information et de recherches en partenariat avec des associations françaises européennes et internationales. Elle cherche avant tout à sensibiliser l’opinion. Des journées d’action, des campagnes sont régulièrement organisées. Elle travaille particulièrement sur les représentations et les stéréotypes. En effet, de nombreux clichés, souvent très anciens, persistent sur la prostitution féminine : « C'est le plus vieux métier du monde », « les femmes se prostituent par plaisir ».
Pour preuve, ce récent sondage selon lequel, « 60% des Français sont pour la réouverture des maisons closes ». « Ces préjugés ne correspondent en rien à la réalité dramatique que vivent ces femmes », affirme J.S. Mallet. Le travail de lobbying est donc une priorité pour la Fondation : influencer, sensibiliser les pouvoirs publics, agir auprès des décideurs politiques, en faisant valoir leur point de vue. Pour que la lutte contre le trafic et l’exploitation sexuelle des êtres humains fasse l’objet de politiques actives et efficaces.
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