Les violences faites aux femmes continuent de faire l'actualité aux États-Unis. Le juge Brett Kavanaugh, candidat de Donald Trump à la Cour suprême, est actuellement entendu au Sénat. Il est jeune, 53 ans, et s'il est confirmé, il sera juge à vie dans cette institution qui prend des grandes décisions pour la vie des Américain·es.
Il est une femme qui, quand elle a entendu que Brett Kavanaugh serait proposé pour être nommé à la Cour Suprême, a senti le malaise. Elle a même tenté de le fuir à l'autre bout du monde, en Nouvelle-Zélande. Il s'agit de Christine Blasey Ford, une professeuse d'université californienne.
Mais aujourd'hui, elle accuse Brett Kavanaugh d'avoir tenté de la violer lors d'une fête de lycée il y a 36 ans. Cet événement l'a traumatisée et elle n'avait plus jamais entendu parlé de l'homme jusqu'à ces dernière semaines. Après mûres réflexions, elle a décidé de briser le silence.
Cette affaire vient troubler la candidature de ce nouveau juge conservateur à la Cour Suprême, et le parti Républicain se désole qu'une femme puisse être le grain de sable qui empêche la nomination de son "champion". Christine Blasey Ford demande en effet qu'une enquête du FBI soit ouverte avant qu'elle témoigne jeudi 27 septembre devant la commission du Sénat qui traite de la candidature de Kavanaugh.
Contrarié par ces accusations troublantes, le président Donald Trump, qui avait proposé la nomination de ce juge très conservateur, a tweeté de rage vendredi dernier (21 septembre) : "Je n'ai aucun doute que, si l'agression contre le Dr Ford avait été aussi grave qu'elle le dit, des accusations auraient été immédiatement déposées auprès des autorités policières locales par ses parents aimants. Je lui demande de présenter ces documents afin que nous puissions connaître la date, l'heure et le lieu !"
Sauf qu'encore une fois, Donald Trump démontre toute son indifférence pour les violences faites aux femmes. Il ne reconnaît pas la difficulté qu'ont certaines femmes à se faire entendre. C'était tout la puissance du mouvement #MeToo : faire entendre des voix et des plaintes trop longtemps restées muettes.
Alors pour lui répondre, l'actrice et activiste Alyssa Milano lui a demandé : "Hey Donald Trump, écoute bordel, j'ai été agressée sexuellement deux fois. Une fois quand j'étais adolescente. Je n'ai jamais été porté plainte et il m'a fallu trente ans pour le dire à mes parents. Si d'autres survivant·es d'agression sexuelle veulent ajouter leur expérience, faites-le dans les réponses [à ce message]"
S'en sont suivis de très nombreux témoignages de femmes racontant pourquoi elles n'avaient rien dit au moment de leur agression avec le mot clé #WhyIdidntreport ("Pourquoi je n'ai pas porté plainte"), dont l'actrice Ashley Judd : "La première fois que c'est arrivé, j'avais 7 ans. Je l'ai dit aux premiers adultes que j'ai rencontrés. 'Oh, c'est un gentil vieil homme, ce n'est pas ce qu'il voulait dire.' Donc quand j'ai été violée à 15 ans, je ne l'ai raconté qu'à mon journal intime. Quand une adulte l'a lu, elle m'a accusée d'avoir eu des rapports sexuels avec un homme adulte."
Souvent, le dénominateur commun de ces victimes étant la peur de ne pas être crue, ou l'impression de ne pas être entendue.
"J'avais 13 ans et il était un ancien de notre église. Ma mère m'a dit de ne rien dire parce que nous le voyions tous les dimanches, et ce serait aussi terriblement embarrassant pour sa femme."
"Parce que j'étais ivre, et en état de choc, je ne pouvais donc pas crier à l'aide. Parce que personne ne me croirait. Parce que j'ai essayé d'aller à la police et ils m'ont conseillé de ne pas le faire. Parce que je suis allée me faire examiner au poste de police et que le médecin était un homme"
"J'étais une mère célibataire. J'avais besoin de ce travail et je me suis dit que ça n'avait pas d'importance. C'était important. Puis c'est arrivé à ma fille, et j'étais furieuse. C'est important !"
Les témoignages se sont également multipliés en France, où de nombreuses femmes ont fait part de leur vécu sur Twitter.
Le dimanche 23 septembre, dans une tribune publiée sur le site Vox, Alyssa Milano a lancé un message fort : "Le courage des survivants sera toujours plus fort que la haine de Donald Trump. La vie des survivant.e.s sera toujours plus importante que la carrière de Brett Kavanaugh."
Elle revient sur sa propre expérience en détails, et analyse ce qui est en train de se passer avec le témoignage de Christine Blasey Ford : "Souvent, les victimes d'agression sexuelle ne rapportent pas ce qui s'est passé parce qu'elles savent très bien que nos histoires sont rarement prises au sérieux ou crues - et que lorsqu'il s'agit d'inconduite sexuelle, notre système judiciaire est brisé. Aujourd'hui, nous voyons nos pires cauchemars se réaliser quand nous voyons l'incrédulité, le refoulement, la haine et les menaces de mort que Ford reçoit juste parce qu'elle a eu le courage de parler."
Alyssa Milano le martèle : elle croit Christine Blasey Ford, la soutient haut et fort dans sa démarche : "Sachez que nous ferons tout notre possible pour empêcher Brett Kavanaugh de siéger à la Cour suprême des États-Unis."
La même journée, on apprenait dans le New Yorker qu'une deuxième victime présumée de Brett Kavanaugh s'était faite connaître. Elle s'appelle Deborah Ramirez et elle accuse le juge d'agression sexuelle alors qu'ils étaient tous les deux étudiants à l'université de Yale. Ce dernier nie toutes les accusations en bloc.