Vous savez, celle dans le passage, très loin de la fenêtre et tout à côté des toilettes.
Vous avez beau travailler à cinq mètres de lui depuis maintenant deux ans, votre patron est toujours incapable de se souvenir de votre prénom. Ou du moins fait très bien semblant de ne pas se le rappeler. « Caroline ? Mathilde ? ». « Non, moi c'est Laura ». Le pire dans tout ça ? Qu'il ne fasse même pas mine d'être gêné. Et qu'il recommence à vous appeler Clémentine ou Hortense la semaine suivante.
Soit votre boss est accro aux délicieux expressos que vous préparez (en même temps, avec des dosettes, c'est pas bien compliqué), soit il vous prend pour une incompétente et/ou tente de saper votre autorité. On vous laisse deviner quelle option est la plus probable.
La dernière fois que vous avez réussi à poser trois semaines de vacances en août, c'était quand ? Et la dernière fois que vous avez réussi à rafler un des ponts du mois de mai ? Jamais ? Ne cherchez plus : grand détenteur du planning des vacances, votre patron prend visiblement un malin plaisir à vous laisser les miettes des congés laissés par vos collègues en « omettant » de vous inclure dans l'e-mail adressé à toute l'équipe pour prévenir que les congés devaient impérativement être posés avant la fin de semaine.
Ah bon, la réunion d'équipe, c'était lundi dernier ? Toujours la dernière informée des présentations clients et autres réu' importantes, vous arrivez systématiquement 10 minutes en retard après avoir couru un marathon dans les couloirs. Et en plus, il a le culot de vous adresser un regard noir en tapotant sa montre pendant que vous cherchez désespérément une chaise pour vous asseoir.
La voix de votre boss ? Vous ne seriez pas sûre de la reconnaître. Par contre, son style (sec et cassant) et son écriture (énervée et au stylo rouge), vous n'avez aucun problème pour les distinguer depuis qu'il a pris soin de vous envoyer 50 e-mails ultra-urgents par jour, et de se rappeler à votre bon souvenir par le biais de post-it collés sur votre écran d'ordi chaque fois que vous vous absentez (même pour aller aux toilettes).
D'ailleurs, vous avez longtemps pensé qu'il s'agissait d'un tic ou qu'il était sujet aux crises d'épilepsie.
Vu la tête qu'il a fait la dernière fois que vous avez osé faire une boutade, vous vous êtes même demandée si vous ne l'aviez pas profondément offensé.
Alors que vos collègues peuvent sans problème s'absenter deux heures à l'heure du déjeuner ou partir à 17h30 le vendredi, vous vous devez d'être à votre poste aux heures ouvrées. Même chose quand vous n'avez pas bouclé à temps un dossier : quand vos collègues ont droit à un rappel à l'ordre, vous, c'est une honteuse réprimande devant tout le monde ou des reproches dans un e-mail fielleux que vous devez essuyer.
Oui toujours. C'est injuste, mais c'est comme ça.