"Qui ne dit mot consent".
Connaissez-vous pire adage que celui-ci ? A l'heure des grandes prises de conscience féministes, on classe volontiers l'assertion dans le club très fermé des phrases à bannir à vie. Et pourtant, elle semble chère à tout un pan de la société : plus de la moitié des hommes.
Effectivement, un sondage ELLE par l'institut OpinionWay nous l'apprend : 57% des hommes pensent que l'absence d'un "non" clairement formulé équivaut à un "oui" pour une relation sexuelle. Et ce quand bien même 64 % trouvent "parfois difficile" de savoir si leur partenaire consent ou non à une relation sexuelle, poursuit le féminin. On pourrait de fait épiloguer sur la fameuse notion de "zone grise"...
Sauf que les conclusions du rapport sont accablantes : 58% des hommes interrogés considèrent également comme acceptable d'insister après un "non". Pire encore ? 64 % des des 25-34 ans comprennent qu'un homme "puisse être excité par une femme qui lui résiste"… Et ça, c'est flippant.
Mais ce n'est pas tout...
Les chiffres que ce sondage déploie sont lourds de sens : un homme sur deux considère que si une femme leur dit non "cela ne signifie pas forcément qu'elle n'a pas envie de coucher". Dans la grande continuité de ces certitudes masculines, près de 6 sur 10 des 25-34 ans croient dur comme fer qu'une femme qui dit oui pour coucher "est forcément partante pour n'importe quel acte sexuel".
Là, on navigue en pleine culture du viol.
Avec cette conviction que le consentement est clair même quand il ne l'est pas du tout, qu'il l'est absolument une fois qu'il a été exprimé - et rien qu'une fois ! - et qu'un consentement exprimé au début d'un acte sexuel va forcément perdurer tout au long de ce dernier. Autant de contre-vérités qui constituent la pensée des hommes sondés.
Quand ils ne sont pas sûrs du consentement, 26 % des hommes affirment "n'avoir jamais renoncé" à concrétiser l'acte sexuel. Oui, quitte, on l'imagine malheureusement, à "forcer" - euphémisme.
"Ils sont aussi 68 % à déplorer une société devenue 'trop moralisatrice sur les rapports hommes-femmes'. Leurs réponses montrent la persistance de réflexes archaïques, et qu'il reste encore un immense boulot en termes d'éducation sexuelle et affective à faire auprès des plus jeunes comme des plus vieux, même quand ils sont bien intentionnés", décrypte encore ELLE, qui nous apprend également que près d'un homme sur deux (48 %) suit - selon leurs dires - "régulièrement" l'actualité du procès des viols de Mazan, une affaire fondamentale qui vient justement dévoiler la banalisation des violences sexuelles dans notre société.
Ces violences, elles sont omniprésentes. En 2020 pour rappel, le collectif féministe #NousToutes affirmait enquête à l'appui que 9 femmes sur 10 auraient déjà subi une pression pour avoir un rapport sexuel. Et pour 88% des sondées, se forcer à avoir un rapport serait même arrivé "plusieurs fois". On entre là dans le domaine du tristement fameux "viol conjugal". Près d'un viol sur deux serait un viol conjugal.
En outre, selon le collectif, 49,1% des répondantes déclarent également avoir déjà entendu "des remarques dévalorisantes" en refusant un rapport sexuel : "frigide", "coincée", "pas normale", "chiante". Ca en dit long encore une fois sur les rapports de domination.
Pour finir : 1 femme sur 6 affirment enfin que leur entrée "dans la sexualité" s'est faite par un rapport non consenti et non-désiré.
Est-il utile d'en dire plus ?