C’est 50% de plus. En un an et demi, 600 femmes afghanes victimes de viols ou ayant fui leur domicile ont été incarcérées pour « crimes moraux », a annoncé mardi l'agence Human Rights Watch à Kaboul. Un nouveau recul pour le droit des femmes en Afghanistan alors que samedi le Parlement afghan n’a pas réussi à faire adopter la loi pour l'élimination de la violence contre les femmes (EVAW).
Ce texte approuvé par décret en 2009 par le président Hamid Karzaï doit être voté par le Parlement pour être définitivement adopté. Il représente la seule protection légale pour les femmes afghanes contre les violences qui leur sont faites. Il interdit notamment les violences domestiques, définit l'âge légal du mariage à 16 ans et oblige les polygames à obtenir le consentement de leur femme pour se marier de nouveau. Cette loi a déjà permis l'incarcération d'une centaine d'agresseurs et l'ouverture de dix-huit refuges pour femmes.
Une loi « trop fragile »
Mais samedi au Parlement, les députés conservateurs se sont fermement opposés au texte, contestant au moins huit articles de la loi et notamment la fixation à 16 ans de l'âge légal du mariage, la création de foyers pour les femmes victimes de violences conjugales et la limitation de la polygamie à deux épouses. Pour eux, il n’est pas question de voter une loi contraire à la charia. « Seul le père peut décider si sa fille est en âge d'être mariée », s'est exclamé samedi mollah Tara Kheeo un député membre du Conseil religieux afghan. Après deux heures de discussions houleuses, les débats ont été suspendus sans aucune date de reprise.
Une réaction « prévisible » pour la députée Farkhunda Naderi, pour qui la loi est « trop fragile ». Désormais, les soixante-neuf femmes parlementaires doivent s’unir dans une commission conjointe pour faire face aux conservateurs. Pour Fawzia Koofi, élue chargée de les rassembler la loi doit pouvoir être voter sans la modifier : « Nous avons la majorité, même si celle-ci est silencieuse », soutient-elle. Mais, la crainte d’un retour en arrière demeure, notamment quand les troupes de l’Otan auront quitté le pays l'année prochaine. « 2014 arrive, le changement arrive et l'avenir des femmes dans ce pays est incertain. Un nouveau président va arriver et s'il ne prend pas les droits des femmes au sérieux, il peut modifier le décret », a estimé Fawzia Koofi.
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