La séquence fait froid dans le dos. Samedi 18 juillet, le compte YouTube weird.news mettait en ligne une vidéo dans laquelle deux jeunes femmes se faisaient encerclées par un groupe d'hommes. La scène, tournée à l'aide d'un téléphone portable, laisse deviner deux Saoudiennes vêtues d'un niqab noir et se baladant le long de la corniche de Djeddah, ville située à l'ouest de l'Arabie Saoudite.
Alors que les deux jeunes femmes semblent marcher calmement, plusieurs hommes commencent à suivre les promeneuses, avant de rapidement les prendre à parti en haussant le ton à leur égard. Visiblement perturbées par la tension qui s'installe, les deux Saoudiennes s'arrêtent. S'engage alors un vif échange entre les protagonistes, sans qu'il soit possible de distinguer la teneur de la discussion.
Visionnée plus d'1,3 millions de fois depuis sa mise en ligne, la vidéo suscite l'émotion mais surtout le malaise face à ce qu'il convient d'appeler une scène de harcèlement de rue, comme peut en connaître la deuxième plus grande ville d'Arabie saoudite. Selon le site Oumma.com, l'incident a attiré l'attention des autorités locales qui ont ouvert une enquête afin d'identifier les hommes impliqués dans cette agression.
"Le Colonel Aati bin Attiyah Al-Qurashi, un porte-parole de la police, a indiqué qu'aucune plainte n'avait été déposée pour l'heure", précise le site avant de citer l'homme en question : "La police de Djeddah (...) a commencé à analyser la vidéo et recherche activement toute information ou témoignage relatifs à l'incident. Nous voulons connaître l'identité de ce groupe d'hommes, les convoquer et prendre les mesures juridiques appropriées contre eux".
Le problème du harcèlement de rue n'est pas nouveau en Arabie saoudite. Déjà en 2014, un groupe de femmes de Djeddah avait décidé d'alerter les autorités face à ce phénomène, soulignant le comportement parfois dangereux d'hommes prêts à poursuivre des jeunes femmes en taxi ou en moto. "Je prenais un taxi jusqu'à mon travail quand un jeune homme au voloant d'un Jeep a commencé à enfoncer la voiture par l'arrière en ordonnant au chauffeur de taxi de s'arrêter", se rappelle Farah Zaman, une habitante de Djeddah sur le site Arabnews.com.
Le harcèlement des femmes se retrouve également dans les centres commerciaux, ce qui a conduit certains d'entre eux à bannir leur accès aux hommes durant le week-end. La National Society for Human Rights, une organisation saoudienne créée en 2004, ainsi que des médecins spécialisés dans les affaires familiales exhortent régulièrement le gouvernement à faire voter une loi sur le harcèlement. Un projet qui, pour l'instant, est resté au stade de l'étude.