- « La philosophie dans le boudoir - dialogues destinés à l'éducation des jeunes demoiselles », Sade. Pour faire l'éducation sexuelle d'une jeune fille, la très libérée Mme de Saint-Ange, se fait aider par son frère, un ami de celui-ci et le jardinier afin d'offrir un panorama complet du désir et de ses possibilités d'assouvissement. La théorie alterne avec des dissertations philosophiques et politiques qui permettent de nourrir l'esprit pendant que la chair se calme.
- « Toute nue », Lola Beccharia. 2004. Martina Iranco, ministre d'un gouvernement espagnol, risque de souffrir des révélations d'une affaire de moeurs, susceptible de mettre fin à sa carrière politique. Elle décide de tout raconter, depuis ses premières amours infantiles avec un adulte qu'elle manipule si bien qu'il finira par fuir jusqu'à ses aventures adultes. Son écriture est chirurgicale, son émancipation totale et sa liberté sexuelle transgresse là où cela irrite le plus de nos jours : les pulsions enfantines et adolescentes, ou quand la sexualité s'affranchit de l’éthique.
- « Le boucher », Alina Reyes, 1988. Ecrit en une semaine pour participer à un concours de littérature érotique, ce roman raconte la chair et la viande vues par une jeune étudiante qui occupe pendant l'été un job de caissière chez un boucher, lequel fera son éducation sexuelle, bien mieux que son petit ami. L'opposition permanente de l'ogre à la frêle jeune femme, de la chair sanguinolente à l'intérieur à celle douce et excitante à l'extérieur, de la vulgarité à l'innocence, tout ici accélère la dualité nécessaire à notre excitation et qui est à la base même de nos rapports.
- « Sexus », Henry Miller, 1949. Premier volet de la Crucifixion en Rose, Sexus est l'histoire d'un grand amour qui avait révélé Miller à lui-même. Dans une Amérique puritaine, il livrait là toutes les démesures de la vie affranchie de la contrainte des bonnes moeurs. Alcool, sexe, excès en tous genres, cette trilogie a marqué les débuts de l'émancipation sexuelle, dans les années 60.
- « Vénus érotica »,Anaïs Nin, écrit dans les années 40. Travail de commande écrit à un dollar la page, à un moment où elle rencontre des difficultés financières, cet ensemble de nouvelles qui avait fait scandale en son temps pour avoir décrit des amours bisexuelles, est un des premiers romans érotiques écrit par une femme.
- « Les onze mille verges », Guillaume Apollinaire, 1907. Picasso disait de ce livre que c'était l'un des plus beaux qu’il ait jamais lu. Les débauches du prince Vibescu sont sans limites et chaque personne rencontrée est susceptible d'agrémenter son plaisir, catins ou policiers, peu lui importe, l'ivresse, pour lui, vient d'un mélange subtil de flagellations, vampirisme, meurtres, etc. Apollinaire se joue et s'amuse de tout, à commencer par le sexe et l’écriture.
- « Gamiani ou deux nuits d’excès », Alfred de Musset. La comtesse Gamiani, durant deux nuits d'amour satisfait son appétit sexuel gargantuesque en épuisant son amant et sa servante. Elle en profite aussi pour leur raconter dans le menu détail les frasques de sa vie passée, ou se mêlent ondinisme, triolisme, zoophilie, sadisme… dans une démesure totale. - « La femme de papier », Françoise Rey, 1989. Pour reconquérir un homme qu'elle aime, une femme couche par écrit tous ses fantasmes, devenant ainsi la femme de papier. Ecrit dans un style puissant, libre et passionné, on entre dans un monde de désirs féminins qui se livrent enfin sans aucune pudeur.
- « Histoire d’O », Pauline Réage, 1954. C'est un des plus grands livres de la littérature sadomasochiste. Une femme, O, se livre par amour à des jeux de soumission qui, au fur et à mesure de son acceptation, deviennent de plus en plus douloureux physiquement comme psychiquement. Ecrit pour dépeindre à son amant toute l'étendue de son amour jusque dans la douleur et l’acceptation.
- « A la feuille de rose maison turque », Guy de Maupassant, 1875. Son texte le plus sulfureux est cette courte pièce de théâtre où un couple de bourgeois provinciaux loge « A la Feuille de rose Maison turque, salons et cabinets meublés », maison close qu’ils prennent pour un hôtel où serait aussi l’Ambassadeur de Turquie et sa cour. Ecrit sur une idée de Flaubert, cette comédie a été jouée deux fois : une première avec Octave Mirbeau dans le rôle principal et Zola, Flaubert et Edmond de Goncourt, dans la salle. Dans la seconde représentation, en 1877, Maupassant se travestit pour tenir le rôle féminin.
Voilà de quoi aiguiser nos appétits et prouver à Mallarmé à quel point la chair est tout, si ce n'est triste, et qu'il n'a pas lu tous les livres.
Pensées érotiques : stimulez votre libido
DSK, Tron : Les scandales sexuels se multiplient, le voyeurisme triomphe
Désir : acheter des fringues, mieux que faire l'amour ?
La place des femmes dans le désir des hommes
Prostitution et sexe virtuel : où est passé le vrai plaisir ?