Les commentaires des journalistes qui ont repris les résultats d’une étude américaine du magazine People, comme ceux des blogueuses, étaient le plus souvent ironiques et moqueurs : « Cela prouve à quel point le sexe peut être décevant », « Le sexe c’est bien, mais le shopping c’est mieux », « 48% des femmes sont déçues du sexe », « J’irais un peu plus loin et dirais que certaines femmes préfèrent acheter tout et n’importe quoi plutôt que de faire l’amour », « J’adore les jeans et déteste le sexe »…
Les psychologues qui étudient la pathologie de l’achat compulsif (et un jean en solde ne fait pas d’une femme une acheteuse compulsive) constatent une augmentation régulière des chiffres (1,1% de la population générale), dont principalement des femmes (80 à 92%), parce que l’achat donne un sentiment d’euphorie. Ils notent aussi que cette compulsion est présente chez 32% des dépressifs, qui cherchent une compensation.
À l’inverse, faire l’amour, en atteignant ou non l’orgasme, provoque une sensation d’apaisement et les neuroscientifiques ont démontré que la stimulation des zones érogènes procure une sensation de récompense, qui est devenue majeure au cours de notre évolution.
On a envie de conclure qu’à l’approche des prochains soldes, pour se faire du bien, il vaudra mieux se dépêcher d’enlever son jean pour faire l’amour, que de courir en acheter un nouveau. Et pour transposer l’œuvre la plus célèbre de l’artiste américaine Barbara Kruger, qui ironisait sur notre monde de surconsommation avec son « I shop therefore I am », on dira dorénavant « I have sex, therefore I am » (je fais l’amour, donc je suis).
Sophie Bramly
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