






"C'est une fille ?"
Ce lundi 10 mars, Jaden Smith paradait en compagnie d'autres célébrités afin de représenter la griffe Louis Vuitton, et plus précisément la collection automne-hiver 2025-2026 de la maison, à la Fashion Week de Paris. Evènement bien connu du chanteur et comédien, "fils de" qui brille particulièrement par ses styles tour à tour audacieux, conceptuels et iconoclastes.
Mais si la venue de Léa Seydoux et Emma Stone a suscité moins d'émoi, le nouveau look de Jaden Smith a engendré quantité de réactions au ras des pâquerettes. Florilège : "C'est une fille ?", "J'ai cru que c'était sa soeur", "Il a pris les vêtements de sa soeur ?", "Un homme qui s'habille comme ça, c'est honteux".
Etrange parfum d'ancien monde qui se complaît dans les stéréotypes de genre...
Car ces stéréotypes de genre profondément ancrés dans notre société, allant jusqu'à dicter quel vêtement au juste "fait fille" ou "fait mec", Jaden Smith s'en est toujours émancipé. Les styles qu'il revendique viennent justement décloisonner ces cases trop étroites... Ce que fait la mode depuis toujours, soit dit en passant.
On ne peut donc que déplorer ces réactions rances.
D'autant plus absurdément virulentes qu'au vu du vestiaire de Jaden Smith, la tenue qu'il a déployé est finalement très sobre. Mais l'artiste est mis au pilori car "accusé"... De susciter un trouble dans le genre.
Jaden Smith, à l'instar d'une autre icône mode des nouvelles générations, Timothée Chalamet, incarnerait-il quant à lui une forme de... Nouvelle masculinité ?
Décryptage...
Pour Terrafemina, on avait interrogé la journaliste Aline Laurent-Mayard, qui dans son réjouissant essai : Libérés de la masculinité sous-titré "Comment Timothée Chalamet m'a fait croire en l'homme nouveau", confrontait justement cette notion de masculinité déconstruite, homme nouveau, nouvelles masculinités...
En prenant l'exemple, dans cette interview, du dos nu de Timothée Chalamet, affiché avec flamboyance sur le tapis rouge.
"Quand Timothée Chalamet a mis son dos nu, il s'est positionné dans une situation plus proche de celle que vivent les femmes", analysait alors l'autrice, également podcasteuse. "Les postures qu'il a adoptées pour les photographes étaient des postures traditionnellement féminines. A savoir, la fameuse pose pas du tout naturelle où l'on montre les fesses, les seins, le visage".
"C'est aussi une manière d'envoyer un signal, de rappeler que le féminin n'est pas inférieur au masculin – car les femmes qui empruntent au vestiaire masculin sont mieux vues. C'est une pièce qui a été conçue sur-mesure. La coupe du pantalon était assez classique, masculine, et en même temps, il y avait ce dos nu. Cette tenue n'appartient donc ni totalement au vestiaire masculin, ni totalement au vestiaire féminin : c'est hybride, entre les deux".
Et l'autrice spécialisée des questions de genre de conclure : "Cela donne une idée de ce que pourrait donner une tenue si on arrêtait de penser en tant que "masculin ou féminin"."
Difficile de ne pas voir en la réception désastreuse des looks de Jaden Smith un refus de tous ces questionnements-là, qui gagneraient pourtant à être écoutés.
Aline Laurent Mayard explique également que ces nouvelles icônes (Chalamet, Harry Styles, Tom Holland, Jaden Smith dans le cas qui nous intéresse) éveillent de vrais enjeux de société : "Je me suis emparée de l'exemple parlant de Timothée Chalamet pour démontrer qu'il n'y a pas "un homme nouveau". En vérité, il y a plusieurs masculinités, tout comme il y a plusieurs féminités. Il n'y a pas une seule bonne façon d'être un homme, même s'il y a des façons d'être un homme plus positives et agréables".
"Il n'y a pas d'homme nouveau, tout comme il n'y a pas d'homme providentiel. Il faut prendre du recul sur ce qui se passe dans notre société actuellement et se demander, par-delà les observations générales (des hommes qui expriment davantage leurs émotions, s'occupent des enfants, font le ménage...), ce qu'est au juste un homme, une femme, pourquoi on a créé ces deux catégories qui sont surtout des constructions culturelles"
"Je pense que ce serait bien d'observer tout ce que l'on a en commun, plutôt que tout ce qui nous différencie. S'éloigner des archétypes de genre. Comprendre que l'on peut faire et ressentir les mêmes choses. Tout cela, c'est une bonne façon de rechercher l'égalité".