« Paris va accueillir la crème des stylistes de la diaspora noire, pour la première édition de la Black Fashion Week Paris ». Le ton est donné sur le site de l’événement, cette semaine de la mode sous le sceau du « black power » se veut un tremplin pour des créateurs noirs connus dans leur pays, mais qui ont des difficultés à rencontrer le succès au-delà de leurs frontières. Une quinzaine de stylistes noirs d’Afrique, de France, des États-Unis ou d’Haïti vont ainsi faire défiler leurs créations pour « faire connaître la création noire contemporaine au-delà des frontières africaines ». Organisée par Adama Ndiaye, styliste d’origine sénégalaise, cette Fashion Week est également l’occasion de mettre sur le devant du podium des mannequins noires, souvent trop rares dans les défilés de mode.
Un concept qui en laisse plus d’un sceptique. « Pourquoi pas une White Fashion Week me demandent certains ! Mais la Fashion Week parisienne est déjà white ! », assure Adama Ndiaye. « Nous voulons simplement faire connaître, au-delà des frontières africaines, des créateurs très connus en Afrique ou dans leur pays, mais qui n'ont pas accès au marché international », se justifie-t-elle. Alors, coup marketing ou réelle volonté d’ouvrir le marché de la mode à plus de cosmopolitisme ?
Pour le consultant de la mode et du Luxe Jean-Jacques Picart, le concept avancé par Mme Ndiaye est peu convaincant. « Pour moi, le talent n'a ni couleur ni nationalité. S'il s'agit d'une mode folklorique, typiquement africaine, pourquoi pas. Mais si ces créateurs ont pour ambition d'habiller les femmes de la planète, alors c'est sectaire », commente-t-il. Ce à quoi l’organisatrice de la Fashion Week répond : « Cette mode n'est pas faite par des noirs pour des noirs. C'est paradoxalement une mode multiculturelle, très variée et très instinctive, qui n'est pas codifiée, contrairement à la mode internationale avec ses couleurs et ses tendances », précise Adama Ndiaye.
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