Depuis l'élection du président Jair Bolsonaro à la tête du Brésil, la communauté LGBT + est de plus en plus menacée et discriminée. L'homme qui assurait lors d'un entretien télévisé qu'il préférait que son fils "meure dans un accident de voiture" plutôt que de savoir qu'il était homosexuel, affiche clairement ses positions homophobes. Pour lui, le mariage entre deux personnes du même sexe est tout bonnement inenvisageable, puisqu'il soutient "le vrai sens du mariage, c'est-à-dire l'union d'un homme et d'une femme".
Il a également avoué être favorable à des "punitions physiques" et autres "cures" pour les personnes gays ou lesbiennes. En décembre 2019, le chef d'Etat a encore récidivé en lançant à un journaliste qui le questionnait sur l'enquête de corruption visant son fils : "Vous avez un visage terriblement homosexuel", rappelle CNews.
Du côté de son gouvernement, on retrouve la même politique ultra-conservatrice que les minorités définissent d'homophobie d'état. La ministre de la Femme, de la Famille et des droits de l'Homme, Damares Alves, avait ainsi déclaré que "les filles et devaient s'habiller en rose, et les garçons en bleu", et accusé le dessin animé La Reine des neiges de rendre les enfants lesbiennes.
C'est donc un choix nécessaire et courageux qu'a révélé le magazine Marie Claire sur la Une de son numéro de février. En couverture, deux femmes s'embrassent : la chanteuse Ludmilla et sa fiancée, la danseuse Brunna Gonçalves. L'édition brésilienne titre ainsi : "Sans tabou, Ludmilla livre une conversation franche sur l'amour, le sexe, la marijuana et le funk". Une prise de position qui signe clairement une opposition à la façon de penser archaïque du président en fonction, et un soutien de taille à la cause LGBT+.
Dans les colonnes du magazine, on peut lire que les deux femmes sont restées discrètes au début de leur relation car elles craignaient des "répercussions" de la part des annonceurs qui les soutiennent chacune dans leur carrière. Une peur qui a été de courte durée : rapidement, leur amour "a pris le dessus". "Brunna m'a rendue plus forte", confie Ludmilla. Ensemble, elle souhaitent fonder une famille et "partager leur maternité", en ayant probablement recours à la procréation médicalement assistée (PMA), autorisée au Brésil.
"Je serais la donneuse, Brunna portera l'enfant", ajoute l'artiste. Sur Twitter l'image est rapidement devenue virale, et a rencontré un franc succès. "Parfait ! Un couple sensationnel ! J'aime cette représentation !", écrit un internaute. "Une claque pour les homophobes", renchérit une autre.
Au Brésil, la discrimination envers les lesbiennes, gays, bisexuel.les et transexuel.les a des conséquences terribles. Entre 2012 et 2016, 1600 personnes LGBT+ ont été assassinées et en 2017, on comptabilisait 450 meurtres parmi les membres de la communauté, selon l'ONG Grupo Gay de Bahia citée par Slate. Et ce ne sont pas les discours homophobes de Jair Bolsonaro qui vont remédier à ces crimes qui, souvent, restent impunis. Médiatiser les couples qui ne correspondent pas à l'hétéro-normativité prônée par le gouvernement brésilien représente ainsi un premier pas vers la normalisation et l'égalité, et, on l'espère, une baisse drastique de ces chiffres dramatiques.