On a tous à l'esprit une scène de film ou de série dans laquelle un enfant avale accidentellement une tête de marijuana ou une boule de résine qui traînait négligemment dans l'appartement. Si l'anecdote fait sourire, elle n'en demeure pas moins réelle.
En effet, d'après deux enquêtes réalisées par le réseau des centres d'addictovigilance successivement entre 2010 et 2014 et 2015 et 2017, ces cas d'accidents ne cessent d'augmenter.
Un communiqué publié lundi sur le site de l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) rappelle que les deux enquêtes montrent une nette hausse des intoxications par ingestion accidentelle de cannabis. Ces accidents sont principalement constatés chez les enfants dans le cadre familial pendant l'été.
L'ANSM précise que 140 cas entre 2010 et 2014 ont été découverts, contre 194 cas sur 33 mois, entre 2015 et 2017. Ces accidents sont donc presque 2.5 fois supérieurs ces dernières années.
Le nombre d'hospitalisations liées à ces accidents a lui aussi doublé : 120 enfants sur 140 hospitalisés (sur 60 mois) contre 140 enfants sur 194 (sur 33 mois) Les enfants de moins de 2 ans sont les plus concernés par ce type d'accident : le plus jeune enfant reçu à l'hôpital avait 7 mois.
Bien que aucun décès n'ait été rapporté, le communiqué de l'ANSM fait mention d'accidents graves avec un pronostic vital engagé chez 27 enfants en l'espace de 33 mois, contre 9 enfants en l'espace de 60 mois. L'ANSM explique cette hausse inquiétante ("des accidents 5 fois plus graves") par une teneur en THC, principal actif du cannabis trois fois plus importante depuis 10 ans.
L'ANSM recommande donc aux adultes consommateurs de cannabis de redoubler de vigilance en présence de jeunes enfants, ainsi que de rester attentifs aux signes pouvant indiquer une intoxication au cannabis : somnolence, dilatation des pupilles, agitation, difficultés à respirer, accélération du rythme cardiaque, relâchement musculaire, convulsions...
En cas d'ingestion ou de suspicion d'ingestion de cannabis, les structures d'urgences (SAMU, Centres 15) doivent être immédiatement prévenues. Les services d'urgences pédiatriques doivent faire une recherche systématique de cannabis (dans les urines, le sang ou les cheveux) en cas de signes cliniques évocateurs de cette intoxication, rappelle l'ANSM.
Parents, frères, soeurs, oncles, tantes : si vous consommez du cannabis, prenez garde à bien cacher vos réserves quand vous êtes près de jeunes enfants.