Les mères de familles ont beau adorer leurs enfants, être capables de leur donner tout le temps et leur énergie, aucune d'entre elles n'est à l'abri d'une dépression post-partum. C'est ce qu'a voulu montrer Kathy DiVincenzo dans une série de photographies bouleversantes.
Dimanche 1er mai, cette jeune maman résidant dans l'Ohio, aux États-Unis, a publié sur son compte Facebook deux photographies aux antipodes l'une de l'autre. Sur la première, on y voit Kathy joliment habillée et fraîchement habillée posant fièrement aux côtés de ses deux bambins, Gia, 3 ans, et Dominic, 4 mois, au milieu d'une chambre d'enfant bien rangée.
Sur la seconde photo en revanche, rien ne va plus : posant en pantalon de survêtement et soutien-gorge d'allaitement, négligemment coiffée et entourée de jouets, la jeune maman épuisée semble avoir bien du mal à gérer sa maternité.
Aucune de ces deux photos réalisées par une amie photographe ne ment : elles représentent toutes deux le quotidien de Kathy, qui souffre de dépression post-partum depuis la naissance de Gia il y a trois ans.
"Je ne partageais sur les réseaux sociaux que l'une de ces deux réalités, pourtant, et c'est bien ça le problème. La seule chose plus fatiguante que de souffrir de cet état, c'est de prétendre quotidiennement que je vais bien. J'ai peur que vous pensiez que je suis faible, folle, une terrible mère, et un million d'autres choses que mon cerveau me convainc de penser, et je sais que je ne suis pas seule avec ces pensées. Nous devons arrêter de supposer que la période post-partum est toujours euphorique, parce que pour une personne sur sept ça ne l'est pas. Nous devons commencer à demander aux nouveaux parents comment ils vont de manière plus profonde que l'habituel 'alors, comment ça va?', qui entraîne la réponse 'tout va bien!'. Nous devons apprendre les signes, les symptômes, les facteurs de risque", explique Kathy sous les deux photos.
Si Kathy DiVincento a posté ces deux clichés sur Facebook, c'est pour une raison précise : elle veut interpeller les femmes qui sont dans la même situation qu'elle. Leur dire qu'elles ne sont pas seules, qu'elles sont méritantes et qu'elles ont droit de demander de l'aide. "Au cas où personne ne vous l'aurait dit, vous faites un travail formidable. Vous êtes aimée et digne. Vous n'êtes pas seule", écrit-elle.
"Nous devons briser la stigmatisation et en finir avec le silence en partageant nos histoires pour faire savoir aux autres qu'elles ne sont pas seules. Si vous avez vécu un trouble de l'humeur post-partum, partagez votre histoire ci-dessous, ou likez simplement la publication pour montrer aux autres mères qu'elles n'ont pas à souffrir en silence."
Signe que le message poignant de Katy a trouvé une résonnance, il a été partagé près de 72 000 fois et a reçu plus de 48 000 like.
Méconnue, souvent tue, la dépression post-partum n'est pourtant pas un phénomène isolé. Selon une étude parue en 2002 dans le Journal of the American Medical Association, 10 à 15% des jeunes mères seraient touchées par la dépression postnatale (DPN) dans l'année qui suit la naissance de leur enfant. Bien plus profonde et sévère qu'un simple baby blues – dû à la chute d'hormones dans les jours suivant l'accouchement – la DPN survient généralement dans les semaines suivant l'arrivée de bébé. Le diagnostic est d'autant plus difficile à établir qu'il peut être confondu par des manifestations typiques suivant l'accouchement (fatigue, troubles du sommeil). Dans un article paru en 2007 dans le magazine Psychologies Québec, la psychologue Lysanne Gauthier développe les symptômes de la dépression post-partum : "une anxiété intense, en particulier par rapport à la santé et à la sécurité de l'enfant, une forte irritabilité, un vif sentiment de culpabilité lié à la perception d'une incompétence maternelle, un sentiment d'ambivalence, de négativité ou de désintérêt envers l'enfant, une tendance au retrait social, voire à l'isolement et, dans certains cas, une crainte obsédante de faire du mal à l'enfant."
Les femmes qui en sont atteintes, la dépression post-partum souffre aussi d'une méconnaissance de la part du corps médical. 30 à 50 % des mères souffrant de dépression ne sont ni diagnostiquées ni traitées.