Chambéry : les poches alimentaires pour nourrissons remplacent le cordon ombilical

Chaque année en France, 50 000 enfants naissent prématurément, c’est-à-dire avant 8 mois de grossesse (37 semaines d’aménorrhée). Ces nourrissons, beaucoup plus fragiles que les autres, présentent des organes dont le développement n’est pas arrivé à son terme, et notamment les fonctions digestives, supportant parfois mal l’alimentation lactée. Les grands prématurés en particulier, nés avant 7 mois, doivent être nourris pas intraveineuse –on parle d’alimentation parentérale-, puisqu’ils ne sont plus reliés à leur mère par le cordon ombilical, et qu’ils ne sont pas prêts physiologiquement à recevoir et digérer le lait maternel. 

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Dans une interview accordée au monde.fr, le professeur François Chast, chef du service de pharmacie du groupe hospitalier Cochin-Port Royal-Hôtel Dieu et Broca, signale que dans la majorité des cas, ces poches sont fabriquées au sein même des CHU, par des « unités de préparation parentérales pédiatriques », et donc personnalisées en fonction des petits patients et de leurs besoins en nutriments. Ce fonctionnement permet notamment de faire collaborer le service de néonatologie en direct  avec les préparateurs de poches. « Ces unités peuvent aussi fournir d’autres hôpitaux », précise le Dr Chast. 

Pourtant, dans le cas de l’hôpital de Chambéry, ces poches n’ont pas été commandées à un laboratoire hospitalier voisin, mais selon toute vraisemblance, à un laboratoire privé du Calvados. La ministre de la santé Marisol Touraine a toutefois souhaité ne pas incriminer ce laboratoire tant que les vérifications ne seraient pas achevées sur la provenance des poches contaminées. 

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Cette nutrition administrée par intraveineuse comporte des sucres, des protéines, des graisses, des vitamines et des oligo-éléments. Ces nutriments viennent le plus souvent en complément d’une alimentation digestive classique à base de lait, selon le niveau de tolérance du nourrisson. Celui-ci peut en effet souffrir de difficultés digestives plus ou moins graves (inflammation de l’intestin ou du colon, ballonnements abdominaux) qui peuvent entraîner l’arrêt momentané de l’alimentation lactée. 

Extrêmement fragiles, les enfants prématurés doivent être strictement préservés de tout agent pathogène ou infectieux, c’est pourquoi ils sont protégés par des couveuses stériles. Chaque année, 2000 enfants nés « grands prématurés » décèdent en France. La mise à disposition de poches alimentaires a donc constitué une avancée significative bien plus qu'une prise de risque pour les enfants prématurés à partir des années 80. Néanmoins, il est évident que leur fragilité immunitaire les rend plus que tout autre patient sensible à toute faille dans le système. Théo, Milie et Chloé, les trois bébés victimes de poches contaminées à Chambéry, en sont l'exemple dramatique.