"Situationship" est un terme employé par les anglophones pour désigner une relation de couple qui n'en est pas vraiment (ou pas encore) une. Le mot s'oppose ainsi à celui de "relationship". Il est de plus en plus employé dans le cadre d'études et d'articles spécifiquement dédiés à la vie conjugale. Et pour cause, le couple lui-même est de plus en plus interrogé et déconstruit dans la société d'aujourd'hui, notamment d'un point de vue féministe.
Mais qu'est-ce qui différencie au juste un vrai couple d'un faux couple ou d'un couple en devenir ? Cette énigme engendre des réponses concrètes, bien plus évidentes qu'on ne pourrait le croire. Il est question de communication, d'attitude, d'observations de vie quotidienne, de signes implicites mais qui ne trompent pas...
Voici quelques indices qui prouvent que pour le moment, votre relation n'est clairement pas un couple établi.
Si votre relation vous semble être au point mort, c'est qu'elle n'a peut-être jamais vraiment existé, ou n'existe pas encore vraiment. L'un des points cruciaux soulignés par les experts du couple est la nécessité de faire évoluer au fil de l'eau les habitudes, les activités (sorties, loisirs, choix du resto) et la communication globale dans la vie à deux. Le couple serait comme un muscle qu'il faut échauffer si l'on ne veut pas qu'il s'épuise pour de bon. Crampe garantie.
La distanciation n'est pas seulement sociale, elle peut aussi être sentimentale. Or, l'un des effets malencontreux de la routine semble trop souvent être la fuite. Fuir, pour ne pas (s')avouer que l'on se heurte à une impasse au sein de cette relation, que l'on se refuse à faire mieux, ou à avouer ses propres failles.
Ne pas partager d'activités, d'anecdotes persos et professionnelles, de week-ends, de vacances, est un signe concret de cette distance. Mais elle peut aussi se traduire par des réponses évasives, une lassitude à proposer sorties et échanges, une absence régulière qui témoignent d'une distance aussi bien physique que mentale... Le programme est vaste.
Signe parmi d'autres de ce qui vous sépare : votre moitié ne vous présente jamais à ses ami·es. Présenter ses ami·es, connaissances de longue date parfois, est signe de confiance : c'est aussi partager une part de sa propre histoire et de son intimité, en espérant entrapercevoir quelques atomes crochus.
A l'inverse, s'y refuser en dit long sur l'attitude d'autrui. C'est repousser une perspective de dialogue et de découverte, d'introduction à ce qui constitue en partie l'existence de l'autre. Mauvais signe donc.
"Si vous voyez quelqu'un qui voit souvent d'autres personnes, c'est un signe que vous êtes dans une 'situation' et non dans une relation", affirme sans détour le site Hello Relish. A en lire le média en ligne, découvrir que celui ou celle avec qui vous partagez des moments d'intimité ne vous est pas exclusif peut être douloureux, hors du cadre désormais connu de tous du polyamour.
Cela peut simplement témoigner d'une peur ou d'un refus de l'engagement ressenti par autrui, sans que cela ne soit jamais ouvertement exprimé cependant. C'est pour cela qu'il est essentiel de mettre les points sur les i. Histoire de ne pas s'attarder sur une situation qui ne répond pas à vous attentes, ou n'est pas assez claire. Gaffe au flou sentimental.
"Je suis occupé·e", "je suis fatigué·e", "je n'ai pas le temps", "j'ai une soirée"... Les excuses se suivent et se ressemblent, aboutissant à un même constat : pour l'autre, chaque occasion semble être bonne pour rappeler la moindre indisponibilité. Et surtout, vous laisser dans un coin, comme la Bébé de Dirty Dancing.
Le tout est décoché sans grand tact, avec un mélange d'insouciance et d'insolence. A n'en pas douter, vous n'êtes pas la priorité number one de votre compagnon ou compagne. Si vous ressentez ce ton type je-m'en-foutiste sur les entournures, il faut croire que votre situation penche davantage du côté du "situationship" plutôt que du "relationship". Encore désolé.
On l'aura compris au vu du point précédent, quand parler n'est pas le point fort de votre relation, c'est compliqué. Le site Women Health Mag voit même un point commun à bien des "situationship" : les vraies conversations complices laissent plus volontiers la place à du "small talk". Autrement dit, ces discutes de politesses pleines de phrases déjà toutes faites, de remarques sur la pluie et le beau temps.
Du blabla de machines à café, quoi. Mais pas vraiment de sujets abordés qui témoignent d'une réelle confiance et entente réciproque. Vous savez, ces sujets qui ont trait à vos angoisses, appréhensions, peurs. Autrement dit, votre vulnérabilité. Ce que l'experte en relations Abby Medcalf intitule "la proximité émotionnelle".
"Il peut être difficile de savoir exactement où vous en êtes avec quelqu'un et ce que votre partenaire pense de votre relation à tous les deux", admet le site Hello Relish. Il peut être bon de demander à l'autre ce que vous vivez précisément. Mais pas trop tôt pour ne pas lui faire peur, ni trop tard... Car trop tard, c'est trop tard.
"Si votre partenaire évite d'avoir une conversation à ce sujet lorsque vous lui en parlez, c'est une autre indication qu'il ne veut pas formuler l'hypothèse d'une relation de couple en termes concrets", développe le site. Et ne pas définir cette relation, c'est aussi, parfois, avouer qu'elle n'existe pas.
"Vous pouvez être dans une situation où vous vous sentez anxieux ou anxieuse parce que vous éprouvez de l'incertitude, de l'ambiguïté et de l'ambivalence", détaille Abby Medcalf au magazine Women's Health. Cette anxiété-là puise ses raisons du brouillon total que représente volontiers votre vie à deux.
Forcément, quand il n'y a pas de grands moments ou de bonnes conversations, de repères et de soutien sur lequel s'appuyer, en somme, ce qui peut caractériser le couple, difficile de ménager sa santé mentale - et de parvenir à vous purger de cette anxiété qui vous envenime. Attention au burn-out sentimental.
"La plupart des gens sortent avec des personnes qui vivent dans la même ville, font partie du même groupe d'amis, tant et si bien que certains affirment que la majorité des relations sentimentales sont avant tout basées sur la commodité", observe le média Hello Relish. Constat piquant mais juste.
Le fait de ne pas être (encore) en couple exacerbe cet état des faits : par exemple, un rendez-vous peut vous être proposé la plupart du temps à la dernière minute, rapide texto à l'appui, comme si vous étiez un "bouche-trou". Un simple remède à l'ennui pour votre conjoint ou conjointe. De quoi vous alerter.
Une relation s'écrit au présent, parfois en s'exerçant à oublier le passé - ruptures, déceptions, désillusions amoureuses à la Jane Austen. Mais elle s'écrit également au futur. Penser à l'avenir et lui accoler des projets importe. Projets pour le week end prochain, pour dans un mois, six mois, un an...
Cette planification semble anecdotique mais elle contribue à bâtir ce grand tout que l'on nomme "couple". Sans cela, c'est la porte ouverte au vague, au "peut-être" et surtout, aux incertitudes et à la page blanche.