Alors qu'on aborde plus ou moins sereinement le déconfinement, les réflexes à adopter restent tout aussi essentiels et nombreux que pendant la quarantaine. Mais d'autant plus cruciaux que nos interactions se multiplient. Il faut rester à une distance de sécurité minimum d'un mètre des autres et le port du masque est fortement recommandé dans les lieux publics. S'ajoute à cela le lavage des mains fréquent, et éviter un maximum de se toucher le visage. Des consignes comprises et suivies par la plupart. Seulement parfois, certaines personnes que l'on croise semblent les ignorer, ou les enfreignent plus ou moins consciemment.
Alors, que faire quand on se trouve en face de quelqu'un qui porte sa protection faciale sous le nez, ou se colle un peu trop à nous dans la file d'attente ?
D'abord, on s'assure que l'on est nous-même irréprochable. Des études sur la préparation aux catastrophes ont montré que l'un des meilleurs moyens d'amener les gens à adopter de nouvelles habitudes est l'imitation. "Les gens changeront leur comportement si trois conditions sont réunies : ils savent quoi faire, pourquoi le faire et ils voient que d'autres personnes comme eux le font aussi", explique Monica Schoch-Spana, anthropologue médicale et chercheuse principale au Johns Hopkins Center for Health Security, au Time.
Ensuite, on se manifeste : "Il est logique de dire quelque chose quand quelqu'un empiète sur votre santé et votre bien-être", poursuit-elle. Et voici trois façons de bien faire.
Il y a une différence entre être un·e bon·ne voisin·e et un justicier·e qui se met en tête d'informer chaque personne qu'il peut, dans la rue ou sur Instagram, de ce qu'elle doit faire et ne pas faire. Comme le dit à son tour Arthur Caplan, directeur de la division d'éthique médicale de la Grossman School of Medicine de l'université de New York : "Vous n'avez pas à être le gardien de la ville. Nous n'avons pas besoin de brigadiers de la santé publique". Pour la bonne raison qu'il s'agit du boulot des autorités, de venir faire la moral aux passants. A la place, on mise sur le deuxième conseil : rester poli·e.
Arthur Caplan ajoute qu'à défaut de se faire vacciner (le vaccin pourrait arriver au premier semestre 2021), on peut peaufiner son comportement. "Nous ne devrions pas être odieux, nous ne devrions pas devenir méchants", avise-t-il. "Mais à notre époque, je pense que l'on peut s'exprimer." Cela pourrait, directement ou indirectement, sauver des vies, ajoute l'expert. Alors oui, on intervient, mais sans hausser le ton ni réprimander celui ou celle qui baisse son masque pour vous demander un renseignement.
Car lorsqu'il s'agit de pointer les mauvais pas de notre entourage, la honte et le blâme ne fonctionnent généralement pas aussi bien que l'empathie et le bénéfice du doute. Et une pandémie est une période où les circonstances atténuantes sont généralisées. "Tout le monde est stressé et craint pour sa propre santé", explique Aziza Ahmed, professeur de droit à la Northeastern University et expert en droit de la santé. "Nous devons être sensibles à ce que les autres ont la capacité de faire".
Concrètement, si on craint de s'engouffrer dans un conflit aussi pénible qu'interminable, on peut aussi utiliser une tactique bien particulière, qui a déjà moult fois fait ses preuves dans le domaine des relations : le "ce n'est pas toi, c'est moi". On vous explique.
Si vous êtes au supermarché et que quelqu'un se tient juste derrière vous, ne criez pas : "Reculez !" Mais soulignez plutôt que, puisque vous ou n'importe qui d'autre pourrait avoir le virus sans le savoir, il vaut mieux rester à (au moins) un mètre de distance. Partir du principe que celui ou celle dont le comportement nous dérange n'a pas suivi l'actualité pourtant omniprésente, pour mieux faire passer le message. Tout en douceur, et en protection mutuelle.
En conclusion : oui, agissez mais évitez l'agressivité.