Il y a en a qui vont certainement grincer des dents. Une étude publiée le 25 juillet dernier dans les pages de la très solide revue scientifique New England Journal of Medicine nous l'affirme noir sur blanc : il n'y a pas de différence de santé psychique entre les enfants élevés par des mères lesbiennes et des enfants dont les parents sont hétérosexuels. Et les recherches en question n'ont rien d'anodin. Cela fait vingt-cinq ans que l'Étude nationale longitudinale sur les familles lesbiennes (NLLFS) observe l'évolution d'enfants de parents lesbiens, de leur naissance à aujourd'hui, batterie de tests à l'appui. Rien d'improvisé dans ce constat, donc.
"Nous suivons ces familles depuis l'insémination artificielle des mères et nous constatons aujourd'hui que leurs filles et fils, âgés de 25 ans, affichent des résultats aussi bons en matière de santé mentale que les autres adultes du même âge", s'enthousiasme la chercheuse Nanette Gartrell.
La scientifique a débuté cette étude en 1986, une époque riche en préjugés et en spéculations. En tout, ce sont pas moins de 154 mères qu'elle a pris soin d'observer, en compagnie de ses collègues chercheurs Henny Bos et Audrey Koh. De nombreuses entrevues étalées sur un éventail d'années, de ces couples et de leur progéniture, ont permis ces conclusions. De quoi faire passer une sale journée aux fidèles de la Manif pour Tous.
"Ces résultats démontrent que les affirmations selon lesquelles il serait préjudiciable pour les enfants d'être élevés par des couples de même sexe sont totalement non fondées", a déclaré le chercheur Henny Bos. L'étude publiée dans le New England Journal of Medicine nous assure même que, en plus de leur irréprochable santé psychologique, les enfants ayant été élevés au sein de familles homoparentales ont un niveau de réussite scolaire supérieur à celui des enfants de parents hétérosexuels observés en parallèle par les chercheurs - soit dit en passant diplômés en médecine, en éducation de l'enfant et en gynécologie.
Enfin, des entretiens avec lesdits enfants - lors de leur 17 ans - ont révélé qu'aucun d'entre eux n'a rapporté avoir été victime d'abus physique ou sexuel de la part d'un parent.
"Rien ne justifie de limiter la garde ou le placement des enfants, ou l'accès aux technologies de reproduction, en fonction de l'orientation sexuelle des parents", achève en toute logique Henny Bos. Cependant, comme l'indique le site d'informations Them., cette étude n'est pas pour autant parfaite. Les mères lesbiennes qui ont participé à cette initiative sont en majorité blanches, de classe moyenne et vivent dans de grandes villes réputées pour être plus "tolérantes". "Mais leurs enfants ont été comparés avec d'autres du même âge, sexe, race et classe économique", détaille le site en contrepoint. De plus, les vertus de cette recherche ambitieuse sont évidentes : "faire avancer le débat [...] et répondre à ceux qui disent que les enfants élevés par des couples gays seront malheureux", se réjouit le journaliste Christophe Beaugrand sur Twitter. On ne peut qu'opiner du chef.