Polichinelles, c'est l'histoire de Salomé et Marion, deux femmes en couple qui décident de faire un bébé. Elles s'aiment, elles sont entourées d'ami·es et d'une famille parfois compliquée, et se lancent dans l'aventure avec une envie irrésistible de maternité, qui s'intensifie au fil des épisodes.
Une web-série touchante composée d'une saison de six épisodes diffusés sur Youtube dès le 17 mai (et on les a dévorés en une soirée) qui les suit jusqu'à ce que l'une d'elles tombe enceinte - mais laquelle ?. On s'attache aux personnages et à l'interprétation extrêmement juste des deux comédiennes (Magali Genoud et Sandra Parra, également autrice), on ressent leurs frustrations et leur excitation en même temps qu'elle les vivent.
On découvre surtout un désir d'enfant si fort qu'elles seront prêtes à affronter tous les obstacles que l'homoparentalité représente, et à parfois faire des choix qui s'avéreront difficiles à gérer.
Armand Robin et Sandra Parra, les scénaristes derrière le projet, nous confient ce qui les a amenés à aborder ce sujet en particulier, évoquent la pression sociétale autour de la grossesse homoparentale et donnent des indices sur ce qui pourrait nous attendre dans les saisons prochaines.
Armand Robin : Ça fait pas loin de trois ans. On a démarré avec un court métrage, Sandra (Parra) avait une idée : celle de deux filles qui font un test de grossesse dans une salle de bain. On a été mis en contact par Magali Genoud (la comédienne qui joue Marion), et j'ai tout de suite aimé l'histoire.
On s'est mis à travailler ensemble et on a d'abord fait un court métrage pour le Mobile Film Festival qui s'appelle Toi et/ou moi, qui a gagné le prix du public. Et puis rapidement, on a souhaité en raconter plus. D'un point de vue scénaristique, il y avait plein de choses à dire et les gens avaient aussi envie d'entendre ce qu'il y avait autour de ce moment dans la salle de bain.
Sandra Parra : Les gens voulaient savoir ce qui s'était passé avant, qui était enceinte et ce qui se passe après. Donc on s'est mis au travail.
S. P : C'est un sujet que j'ai proposé car il me touche énormément et touche l'entourage de beaucoup de personnes. On avait aussi envie de parler d'amour et de désir d'enfant avant de parler d'homosexualité et d'homoparentalité.
S. P : Complètement, c'est qu'on a aimé à travers le format du court métrage, c'est que beaucoup de gens se sont retrouvés dans ce désir d'enfant et dans la personnalité des filles. C'est de cette façon qu'est née notre envie de se saisir de ce sujet car ce désir d'enfant nous parle. Ce désir ou cette peur d'ailleurs.
A. R : De mon côté, il y a quelque chose qui m'a frappé très vite, et dont Sandra avait déjà conscience, c'était de voir à quel point le désir restait puissant malgré les obstacles, le regard des autres, ou encore la justice. Et je trouve que retranscrire ce désir d'enfant est le meilleur ambassadeur de la cause puisqu'il est tellement fort.
S. P : Je crois qu'Armand et moi, on avait envie d'un peu de conflit, donc de faire intervenir un personnage qui pense d'abord qu'il s'agit d'un choix très simple pour lui et dont la réflexion va finalement être très présente par la suite, c'était important.
A. R : On a parlé à beaucoup de couples et on s'est rendu compte que l'insémination "artisanale" était une solution qui était parfois choisie, et qu'elle pouvait devenir problématique. Car il y a toujours la possibilité (et la loi le permet) que celui qui a donné son sperme et qui s'en "fichait" à la base réclame sa paternité. Et ça devient très compliqué. Si les femmes ne veulent pas d'un père, cela devient très compliqué.
On voulait aborder cette dimension. On avait aussi envie de montrer que nos héroïnes sont deux êtres humains et peuvent aussi se planter, elles réfléchissent énormément mais peuvent faire des erreurs.
S. P : Et puis il ne faut pas oublier que l'insémination artisanale est une vraie solution qui marche pour certaines personnes.
A. R : L'intrusion globale de la société entière - les amis, la famille, le corps médical - va être encore plus forte dans un couple de femmes. Les gens autour vont se sentir légitimes de leur dire comment elles doivent agir car elles ne sont pas un couple hétérosexuel donc d'après beaucoup, elles sauraient moins bien que les autres.
S. P : Et puis tout de suite, dès qu'il y a une grossesse, il y a une intrusion, on reçoit des conseils mal placés.
S. P : Idéalement oui, on a vraiment envie de ça, de traiter la partie administrative, pour la maman qui n'a pas porté, par exemple, mais il y a tellement de sujets sur lesquels écrire avant la naissance.
A. R : Oui, comme l'intrusion justement, qui va s'exacerber au fur et à mesure que la grossesse sera visible. On veut travailler le plus d'angles possibles pour raconter comment ça se passe ; l'adoption plénière, la bioéthique, comment on appelle la deuxième maman... Tous ces sujets sont importants.
Polichinelles, sortie le 17 mai 2019 sur Youtube.