"Je suis bi ! Alors je voulais écrire un personnage bisexuel, bon sang !". C'est sur ces joyeux mots que Dana Terrace nous présente la série dont elle est la (jeune) créatrice : The Owl House, alias Luz à Osville en France. Soit l'histoire d'une adolescente qui, plongée dans un univers fantasmagorique, va tout faire pour être sorcière. Mais si cette nouvelle série animée Disney Channel détonne, ce n'est donc pas par son pitch mais par sa protagoniste. Car oui, la Luz en question est bisexuelle, et c'est une première pour un dessin animé estampillé Disney.
"J'étais dès le départ très transparente quant à mon intention d'intégrer des enfants queer dans mon casting principal. Je suis une pitoyable menteuse, donc le dissimuler aurait été très compliqué, haha !", poursuit l'animatrice de 29 ans l'espace d'un thread Twitter abondamment relayé.
Si cette décision militante réjouit l'audience (et les internautes) aujourd'hui, elle n'avait pourtant rien d'un jeu d'enfants à l'origine. Dana Terrace se remémore : "Lorsque nous avons eu le feu vert, certains dirigeants de Disney m'ont quand même dit que je ne pouvais PAS représenter la moindre forme de relation bisexuelle ou gay sur leur chaîne. Heureusement, mon entêtement a fini par payer et maintenant je suis TRÈS soutenue par les dirigeants actuels de Disney".
On l'en félicite. Avant de proposer sa propre création originale, mélange de fantastique, d'aventures et de comédie, Dana Terrace s'était principalement fait la main en bossant pour les séries animées La bande à Picsou et Gravity Falls. Avec Luz à Osville, non contente de divertir le jeune public, son intention est des plus ambitieuses : lui proposer des divertissements aussi pêchus que réellement inclusifs.
Car s'il heurte quelques esprits chagrins, ce choix artistique est volontiers applaudi. "En tant que personne queer je soutiens pleinement cela", "Merci beaucoup pour ça ! Enfant, je ne savais même pas qu'être gay existait, je l'ai ignoré jusqu'à l'âge de 11 ans. La représentation LGBT est si importante pour les enfants qui essaient de se trouver et je vous remercie beaucoup de l'avoir compris", "Merci pour votre travail acharné et votre obstination à intégrer les enfants LGBT dans votre show !", peut-on ainsi lire en réactions à ce thread.
Chaleureuses, ces opinions témoignent d'un vent de fraîcheur qui souffle depuis des années sur le paysage de l'animation anglophone. Avec des séries comme Luz à Osville bien sûr, mais aussi Steven Universe et She-Ra et les Princesses au pouvoir, des programmes pour enfants largement salués pour leur représentation (sous-jacente ou explicite) de protagonistes LGBTQ. Reconnue comme une série majeure dans le genre, la production Cartoon Network Steven Universe générait encore les bravos lors de l'une de ses dernières saisons en représentant un mariage lesbien. Fans et principales concernées voient là un idéal pop de "queerness" porté à l'écran.
C'est donc aussi dans ce contexte éveillé, stimulant et plus ouvert, que Luz à Osville débarque en trombe. D'aucuns citent encore d'autres séries à succès comme le déluré Adventure Time, autre production Cartoon Network célébrant (entre autres choses) les baisers passionnés entre princesses et femmes-vampires. De quoi faire hurler bien des homophobes - et tant mieux. Et Dana Terrace de conclure, emojis coeurs à l'appui : "La représentation compte ! Battez-vous toujours pour faire ce que vous voulez voir !".
Vivement le prochain épisode.