Autoportrait un peu flou, cheveux bouclés, sourire timide à peine dessiné, regard franc et innocent : c’est un jeune homme brun un peu banal qui fait la Une du très célèbre magazine américain Rolling Stones. Une énième étoile montante du rock issue d’un label indépendant ? Le titre du bimensuel remet vite ses lecteurs sur les rails avec un mot choc : « Bomber », ou le poseur de bombe. Ce jeune homme mélancolique est en effet Djokhar Tsarnaev, l'accusé des attentats de Boston qui ont fait en avril dernier 3 morts et 264 blessés. Son visage étalé en pleine page n’en finit pas de choquer les Américains, qui n’épargnent pas Rolling Stones de leurs critiques acerbes et injures indignées depuis la parution du magazine daté du 3 août. La page Facebook du journal a notamment été copieusement inondée de vives réactions des internautes, dénonçant pêle-mêle une glamourisation du terroriste, une « Une » scandaleuse qui fait « passer un terroriste pour une victime » ou encore un manque de morale du magazine qui se fait un buzz sur le dos d’une tragédie, certains même appelant au boycott du journal. Les présentateurs du « Today Show », grande émission matinale de la chaîne NBC, notaient par ailleurs des ressemblances frappantes entre cette couverture affichant Djokhar Tsarnaev et une « Une » datant de 1991, qui présentait un portrait de Jim Morrison, le chanteur des Doors à l'occasion des 20 ans de sa mort. Djokhar Tsarnaev, nouvelle rock star américaine ?
Loin s’en faut heureusement, la photo illustrant l'article principal du bimensuel dans lequel la journaliste Janet Reitman retrace le parcours de Djokhar Tsarnaev, présenté comme un « étudiant brillant et prometteur rejeté par sa famille, tombé dans l'islam radical, qui s'est finalement transformé en monstre ». Pas de complaisance donc, à l’égard du jeune terroriste, mais un choix de « Une » pour le moins polémique. Face à cette avalanche de critiques, Rolling Stones a répondu dès mercredi à ses lecteurs que l’objectif n’était pas de « récompenser un terroriste », mais de « mieux comprendre » les motivations d’un tel acte et ainsi s'inscrire dans « les traditions du journalisme ». Dans un message posté sur Facebook, le magazine l’assure : « notre cœur est avec les victimes de l'attentat du marathon de Boston, et nos pensées vont toujours vers elles et leur famille. L'histoire que nous publions cette semaine fait partie des traditions du journalisme et de l'engagement depuis longtemps de Rolling Stones à faire une couverture complète et sérieuse de la plus importante question politique et culturelle de notre époque ».
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