Douglas Kennedy : Quand j'ai commencé à écrire « La Poursuite du bonheur », qui a radicalement changé ma vie, je me suis mis dans la peau de Kate, ma première narratrice avant Sarah, et j'ai rédigé une phrase, deux phrases, un paragraphe, et puis j'ai continué. Je suis comme une éponge, j'absorbe tout et tout le temps. Ma mère était une femme au foyer très intelligente, cultivée et… frustrée ! J'ai grandi dans un mariage où régnaient beaucoup de tensions, une des raisons pour lesquelles je suis un véritable expert ès mariages ratés (rires). Et puis j'ai beaucoup de copines.
D.K. : Mon prochain roman, qui sort dans quelques jours en Angleterre, et en octobre prochain en France, est écrit dans la peau d'une femme, tout comme celui qui suivra, et que j'ai déjà commencé.
D.K. : Je pense que les questions de moralité y sont différentes. Ici, la complexité de la vie est mieux acceptée alors qu'aux États-Unis, l'adultère, c'est la fin du monde, le plus grand péché mortel. Les Américains pensent qu'on doit améliorer le monde, maîtriser la vie et se maîtriser soi-même. C'est nul ! (rires) Peut-être dis-je ça parce que la France m'a corrompu.
D.K. : Je suis heureux aujourd'hui. Ma femme est brillante, et belle ! Mais c'est un deuxième mariage. Nous avons tous les deux la cinquantaine, et n'avons pas d'enfant en bas âge. Chaque mariage est atypique mais il arrive souvent qu'au début, tout soit magnifique et que l'arrivée d'un enfant, les nuits blanches, les problèmes de nanny… apportent une pression constante qui mettra à mal l'équilibre du couple. Mais voir grandir mes enfants est ce que j'ai vécu de plus beau !
D.K. : Non. Pas maintenant. Mon prochain livre, qui s'appelle « 5 jours », raconte la rencontre entre une femme, la quarantaine, et un homme qui vend des assurances. Ils vivent à Boston, et sont chacun déçus de leur vie. La question sera de savoir s'il est possible de trouver le bonheur ou même de l'accepter...
D.K. : Petra est un mystère. Au départ, on comprend qu'elle a été expulsée d'Allemagne de l'Est. Puis j'ai eu l'idée, lors de l'écriture, qu'on allait découvrir petit à petit son histoire. On voit bien qu'il y a des ombres autour de ce personnage, jusqu'à ce qu'elle tombe amoureuse de Thomas (le héros ndlr)...
D.K. : J'avais une petite idée et puis, au cours de mes recherches, je prenais une bière avec mon calepin et j'ai vu dans la rue un type très mince, très anglais, et voilà comment est né Alastair ! On pense au début qu'il est bordélique mais en fait il est très carré. Et il comprend la tragédie de Thomas. Aujourd'hui, on peut écrire sur un personnage homosexuel mais le roman, qui est presque historique, se déroule il y a trente ans !
D.K. : Dans le Maine, j'ai participé financièrement à la campagne pour la légalisation du mariage homosexuel. On a gagné le vote ! Ma fille m'a dit : « Quel est le problème avec les types qui sont contre ça ? Où est leur humanité ? » Pour moi, c'est une question de droits de l'Homme. C'est juste une autre version de la famille. Franchement, on discute encore de ça en 2013 ? Je pense que ça arrivera en France, car la France est une société juste.
Non, jamais. C'est trop tard, pour moi. Mon traducteur, Bernard Cohen, est brillant. Je peux écrire un texto ou un tweet, mais pas plus.
D.K. : Oh oui ! J'ai un site, et j'écris aussi tous les jours sur Facebook. Moi-même. Je trouverais dégueulasse que quelqu'un écrive pour moi, je suis écrivain ! J'adore le fait de créer une communauté. Il faut être moderne. Certains disent que l'écriture c'est un stylo et rien d'autre et pourtant, j'ai lu une interview de Gabriel Garcia Marquez qui disait que s'il avait eu un ordinateur dans les années 1970, il aurait écrit un ou deux romans de plus…
D.K. : Je pense qu'il craquera, je l'espère ! Il est extraordinaire. Quant à moi, je mourrai en face de mon ordinateur !
On a lu "Heureux les heureux", de Yasmina Reza : cruellement drôle.
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Jusqu'au 17 février, tentez de remporter "Cet instant-là", le dernier roman de Douglas Kennedy paru aux éditions Pocket.