Emma Watson va avoir 30 ans en avril prochain. C'est peut-être un détail pour vous, mais pour elle, ça veut dire beaucoup. Enfin, surtout pour celles et ceux qui l'étouffent d'injonctions. De ces "grandes étapes" dont l'on assomme les femmes dès qu'elles s'approchent de la fameuse "crise de la trentaine" : nécessité d'être en couple, d'avoir un enfant, de se "caser", on en passe et des meilleures.
Mais la comédienne se fiche de tous ces "warnings". Elle est heureuse d'être célibataire. Mieux encore, au terme aujourd'hui trop péjoratif de "célibataire", elle nous incite dans les pages du magazine Vogue à en privilégier un autre, insolite à souhait : "self-partenered". C'est à dire, partenaire autonome, ou "partenaire avec soi-même" si vous préférez.
Etre en couple avec soi, voici une tournure des plus insolites. Et pourtant, elle n'a rien d'incongrue. Car c'est ce si précieux "soi" qui importe. Un "ego" ô combien malmené dès lors que l'on quitte ses 29 ans. C'est ce qu'explique l'actrice au magazine de mode britannique : "Si vous n'avez pas construit de maison, si vous n'avez pas de mari, si vous n'avez pas de bébé et si vous allez avoir 30 ans, vous n'évoluez pas dans un espace de stabilité et de confort et vous ressentez beaucoup d'angoisse". Emma Watson voit en ces nécessités martelées par la société "un afflux sanguin de messages subliminaux". Raison de plus pour prendre un peu de recul.
Aux messages subliminaux, privilégiez le regard bienveillant que vous portez à votre propre reflet. "Stressée et anxieuse" sur les rives de la trentaine, Emma Watson se sent beaucoup mieux depuis qu'elle n'éprouve plus aucune honte à l'idée d'être célibataire. Et qu'importent les jugements hâtifs. Etre partenaire avec soi-même revient à chasser d'un revers de la main ces qu'en dira-t-on qui nous oppressent. Car au fond, on est jamais vraiment seul·e lorsque l'on est avec soi-même. Difficile de ne pas y voir une invitation à l'introspection et à ce fameux temps que l'on s'accorde "avec soi" pour mieux se retrouver. Tel que nous l'explique cet article de Slate, "ne confondez pas la solitude et le temps passé avec vous-même". Chérir sa santé de "partenaire autonome" n'a rien de mal ou de déprimant, bien au contraire.
"C'est totalement fantastique", ajoute même l'actrice à propos de cette nouvelle situation relationnelle. Et elle n'est pas la seule à le penser. En redéfinissant le point de vue général porté sur le célibat (ce monstre qu'il faudrait à tout prix fuir), Emma Watson a suscité les réactions les plus enthousiastes sur la Toile. Pour Rachel Thompson, journaliste chez Mashable, il s'agit là de l'une des nombreuses réflexions féministes stimulantes de l'actrice. Cette dernière suggère entre les lignes que "nous devons vraiment repenser notre façon de penser à la personne seule et en particulier la manière dont notre culture considère les femmes célibataires", analyse la reporter. C'est d'ailleurs ce que démontre le sempiternel cliché macho de la "folle aux chats" (ou "femme aux chats" selon les proses). Du balai !
"C'est une façon positive de penser le célibat. Nous pourrions également utiliser le terme "auto-partenaire". Cela consiste à s'occuper de soi et faire ce qui est juste pour nous, en tant qu'individus", décrypte un internaute enthousiaste. Et une autre d'acquiescer, smiley à l'avenant : "Je ne suis pas du tout amère, puisque plus je vieillis, plus je me trouve heureuse en étant célibataire. Ce que les gens recherchent dans une relation est simplement quelque chose dont je n'ai pas besoin".
Sans nulle doute, le fait qu'une personnalité aussi influente qu'Emma Watson banalise cette sérénité du célibat a de quoi réconforter les âmes esseulées. Se réapproprier le langage permet de pointer du doigt les pressions sociales et stéréotypes vieillots qu'il induit. Des mots et clichés qu'il serait peut être temps de renverser, comme nous le recommande la plus célèbre des "self-partenered".