Face à ce phénomène qui touche de plus en plus de mères en France, nous avons demandé à Joëlle Belaisch-Allart, chef du service de gynécologie obstétrique à l'Hôpital de Saint-Cloud également présidente de la Société française de gynécologie et vice-présidente du Collège National des Gynécologues et Obstétriciens français de nous aider à faire le point sur la grossesse tardive.
"Le désir de grossesse à 40 ans et au-delà est devenu un réel phénomène de société. L'âge de la maternité n'a cessé de reculer en France depuis le milieu des années 70" analyse le docteur Joëlle Belaisch-Allart. En France métropolitaine, d'après les données publiées en 2016 par l' Insee, le nombre de femmes de plus de 40 ans ayant accouché a doublé entre 1995 et 2014, passant de 11 394 en 1995 à 26 123 en 2014, les jeunes mamans de 45 ans et plus sont passées de 936 à 2 642 en près de vingt ans. Enfin, celles de 50 ans et plus, qui étaient au nombre de 30 en 1995, sont passées à 138 en 2014.
"On peut parler d'une augmentation constante et impressionnante", explique Joëlle Belaisch-Allart. Un phénomène qui s'explique, selon elle, par l'intervention de plusieurs facteurs : "Les améliorations des techniques contraceptives, le mariage tardif, la poursuite d'une carrière ou une seconde union avec un partenaire plus jeune et/ou sans enfant, enfin, le développement des techniques d'Assistance Médicale à la Procréation (AMP) qui, avec le don d'ovocyte, ont permis de repousser les limites de la maternité".
"La notion de grossesse tardive a varié avec les années", nous explique la gynécologue. "Initialement, à partir de 35 ans, les femmes étaient considérées comme des gestantes âgées. Avec le recul de l'âge de la maternité, le terme de grossesse tardive s'est ensuite adressé aux futures mamans quadras. Aujourd'hui, les grossesses à 40 ans se sont progressivement banalisées donnant lieu à une nouvelle catégorie de grossesses encore plus tardives (au-delà de 45 ans, voire de 50 ans), obtenues grâce à des dons d'ovocytes. Un nouveau terme a été récemment créé pour définir les grossesses après 45 ans, pour lesquelles on parle désormais 'd'âge maternel très avancé' et de 'grossesse ultra-tardive'".
Et comme nous le dévoile le docteur, cette limite d'âge est également valable pour les hommes : "On parle peu de la fertilité masculine pourtant elle décroît elle aussi au fil des ans et le nombre de fausses couches et de certaines malformations augmentent en fonction de l'horloge biologique du père".
Avoir un enfant sur le tard comporte néanmoins des avantages, comme note la gynécologue : "Quelques publications récentes soulignent que malgré ces risques obstétricaux, les femmes de 40 ans et plus ont un meilleur statut socio-économique que les plus jeunes, se prêteraient mieux au suivi prénatal et ont une perception plus positive de leur grossesse. Plusieurs études, tout en reconnaissant les risques obstétricaux de ces grossesses, soulignent un effet positif sur le devenir comportemental et cognitif de ces enfants. Une étude anglaise démontre que les enfants issus de mères plus âgées sont moins souvent admis à l'hôpital, ont moins de blessures involontaires, ont une meilleure acquisition du langage et éprouvent moins de difficultés émotionnelles."