Société
10 moments où les femmes ont régné sur 2019
Publié le 27 décembre 2019 à 10:00
Par Catherine Rochon | Rédactrice en chef
Rédactrice en chef de Terrafemina depuis fin 2014, Catherine Rochon scrute constructions et déconstructions d’un monde post-#MeToo et tend son dictaphone aux voix inspirantes d’une époque mouvante.
2019, année intensément féministe. Entre révolte et espoir, les douze mois passés auront été marqués par des moments puissants et des figures inspirantes. A l'aube de 2020, coup d'oeil dans le rétro.
L'équipe américaine de foot lors de la finale de la coupe du monde féminine le 7 juillet 2019. L'équipe américaine de foot lors de la finale de la coupe du monde féminine le 7 juillet 2019. © BestImage
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Cette année encore, les femmes sont descendues dans la rue, ont crié leur colère, ont dansé, chanté, pris le pouvoir qu'on leur avait confisqué. 2019 fut une année de réjouissances, de rébellion, d'espérance aussi. Parce que dans tous les domaines, les nanas ont prouvé qu'elles étaient là et bien là. Et qu'elles n'avaient aucune intention de se planquer, ni de se taire. Avis aux machos.

Quand Greta Thunberg a grondé les puissants à l'ONU
Greta Thunberg au sommet sur le rechauffement climatique à l'ONU, le 23 septembre 2019. © BestImage

Son "How dare you ?" résonne encore comme un coup de semonce, jusqu'à devenir le cri de guerre cinglant de toute une génération lasse de l'inaction. Face aux grands (irresponsables) de ce monde, la "petite" Suédoise a dégainé un pamphlet féroce au sommet sur le climat de l'ONU, vilipendant l'inaction de la classe politique. Ce discours iconique, tout comme les marches pour le climat qui ont parcouru la planète et rythmé cette année caniculaire, inspire et insuffle de l'espoir. Autant de signaux d'alerte pour échapper au pire. Et si au lieu de lui chercher des poux dans les nattes, les "grands" écoutaient enfin ?

Quand Jacinda Ardern est devenue la femme politique la plus cool de la planète

Une lumière dans les ténèbres. Au lendemain du terrible attentat raciste de Christchurch, perpétré par un Australien d'extrême droite en mars et qui a fait 51 morts, la Première ministre néo-zélandaise Jacinda Ardern a frappé par sa compassion et son calme exemplaires. Mieux, la jeune dirigeante de 38 ans a agi et montré la voie. Son gouvernement a durci sa législation sur l'accès aux armes, interdit les armes semi-automatiques de type militaire et a annoncé la création d'un registre national des armes. Une leadeuse, une vraie. Certains devraient en prendre de la graine.

Quand Adèle Haenel a ouvert une brèche
Interview d'Adèle Haenel en live sur Médiapart © Capture Mediapart

Si le raz-de-marée #MeToo a déferlé sur l'industrie cinématographique il y a deux ans avec la déflagration de l'affaire Weinstein, la France ne semblait pas franchement éclaboussée. Un peu d'écume, à peine. Et des bouches obstinément closes. C'était sans compter sur le témoignage saisissant d'Adèle Haenel. Dans une enquête de Mediapart nourrie d'une interview en live, l'actrice a accusé frontalement le réalisateur Christophe Ruggia de harcèlement sexuel, libérant une parole puissante, infiniment politique. Une voix qui pourrait bien ouvrir une brèche à ses consoeurs. A défaut, ses mots d'une précision tranchante et son courage auront inspiré bien au-delà de la simple bulle ciné. Salutaire.

Quand deux femmes sont sorties dans l'espace
Christina Koch et Jessica Meir © NASA

Il y avait eu un premier fail en mars, une histoire ubuesque de combinaison à la mauvaise taille, plutôt embarrassante pour la NASA. C'est finalement en octobre que les deux astronautes Christina Koch et Jessica Meir ont effectué la première sortie spatiale 100 % féminine. Des images magiques qui ont imprégné la rétine de toutes celles qui se projettent plus loin, plus haut.

"Ce fut un grand honneur, et un événement, le symbole de l'exploration par tous ceux qui osent, rêvent et travaillent dur pour réaliser leur rêve", a lancé Jessica Meir, 42 ans, après ses sept heures et 17 minutes dans l'espace.

Quand les artistes ont enfin tenu des statuettes
Phoebe Waller-Bridge à la cérémonie des Emmy Awards, le 22 septembre 2019 à Los Angeles. © BestImage

Souvent absentes des nominations, invisibilisées, les femmes de l'industrie ciné ont enfin émergé lors de la saison des awards. En février, Ruth Carter et Hannah Beachler sont devenues les premières femmes noires à gagner un Oscar dans les catégories création de costumes et meilleurs décors. Domee Shi, la première femme à avoir réalisé un court-métrage Pixar, a elle aussi raflé la statuette. Et un film sur les règles, Period. End of Sentence, réalisé par l'Américano-iranienne Rayka Zehtabchi et produit par Melissa Berton, a remporté l'Oscar du meilleur court-métrage documentaire. Quant à l'irrésistible Phoebe Waller-Bridge, elle a remporté trois Emmys pour son Fleabag.

Assisterait-on enfin à une révolution tant espérée ? Pas si sûr : les femmes réalisatrices ont été honteusement snobées lors des nominations des Golden Globes 2020. Les boules.

Quand les footballeuses ont fait péter l'audimat
Alex Morgan, Megan Rapinoe, et Allie Long victorieuse de la coupe du monde féminine de football le 7 juillet 2019. © BestImage

Ils ricanaient, parlaient de "foot féminin", comparaient les combinaisons techniques et la vitesse de course. Mais dès le début de la Coupe du Monde Féminine de la FIFA, les femmes ont taclé tous les préjugés. Mieux, elles ont enflammé les stades et fait grimper l'audimat (un milliard de téléspectateurs devant la finale Etats-Unis - Pays-Bas), prouvant qu'elles aussi en avaient sous la semelle. Une compétition joyeuse et infiniment girl power marquée par la gnaque frondeuse et la chevelure rose de la reine Megan Rapinoe. De quoi pousser des générations de filles à chausser les crampons.

Quand Angèle a balancé son quoi

"Laisse-moi te chanter, d'aller te faire en, hmm". Personne n'avait encore osé : il fallait bien le culot de la phénoménale Angèle pour épingler les remarques sexistes des gros relous. Un réquisitoire drôle et piquant, un refrain pop : Balance ton quoi est devenu un classique instantané. Mieux : l'hymne féministe post-#MeToo pour la génération Z. Et peut-être une leçon d'éducation bienvenue pour tous les relous des trottoirs et d'ailleurs ? On se prend à rêver qu'"un jour peut-être, ça changera".

Quand "AOC" a mis "Zuck" en PLS

Il est face à elle, blême et balbutiant. Elle le fusille du regard, ne lâche pas, le bombarde de questions incisives, le pousse dans ses retranchements jusqu'à lui asséner un uppercut final qui le laissera KO. Lors de l'audition devant la commission parlementaire des services financiers au Congrès, à Washington, où Mark Zuckerberg défendait son projet de monnaie numérique Libra, la députée démocrate Alexandria Occasio-Cortez a bousculé le patron de Facebook avec une rhétorique implacable. Cette séquence assoit un peu plus "AOC" comme l'une des leadeuses badass de la jeune garde qui a émergé lors des élections américaines de mi-mandat. De quoi donner espoir en l'avenir ?

Quand Lizzo est devenue la nouvelle queen des charts
Lizzo à la cérémonie des MTV Video Music Awards le 26 août 2019. © BestImage

La tempête Lizzo a tout emporté sur son passage jusqu'à être couronnée "artiste de l'année 2019" par le Time Magazine. La réjouissante diva a signé l'un des albums les plus contagieux de l'année, porté par les tubesques Juice et Boys, et a fait péter tous les compteurs (elle est la rappeuse restée le plus longtemps numéro un au Billboard Hot 100 avec Truth Hurts). Spécialiste des punchlines cash, Lizzo brandit son corps comme une arme d'inspiration massive, prônant l'acceptation de soi et envoyant valser les haters. A la fois icône queer et irrésistible machine à tubes, elle fait également partie du casting de l'un des films les plus girl power de l'année, Queens, aux côtés de Jennifer Lopez. Incontournable.

Quand les femmes ont dit stop
Marche Nous Toutes à Paris du 22 novembre 2019 © Catherine Rochon

France, Chili, Liban, Soudan, Argentine... Partout dans le monde, des centaines de milliers de femmes sont descendues dans la rue pour crier leur révolte et leur envie de bousculer la société. Que ce soit pour défendre le droit à l'avortement, plus menacé que jamais, pour obtenir plus de libertés ou alerter contre les féminicides, les voix puissantes se sont élevées et la parole s'est encore libérée. Une grande et saine colère porteuse d'espoirs, une sororité inspirante pour se donner de la force en 2020. Nous ne lâcherons rien.

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