Depuis le 19 décembre 2018, le Soudan se révolte contre le régime de Omar el-Béchir, au pouvoir depuis 30 ans. Et depuis le 6 avril, le mouvement s'accélère, les manifestations sont de plus en plus fortes, et les femmes sont bien présentes.
Parmi elles, Alaa Salah, 22 ans, étudiante en ingénierie à l'université de Khartoum. Elle apparaît aujourd'hui comme le symbole de la révolution, qui appelle la foule à la révolution depuis le toit d'une voiture, devant le QG de l'armée soudanaise à Khartoum - qui est aussi la résidence du président.
Sur les vidéos, on la voit scander "thawra, thawra" ("Révolution, révolution", en français) alors que les manifestant.es lui font écho. "Ma mère est une Qandaqa !", crie-t-elle en référence aux reines de l'époque du royaume Kosh.
Elle est vêtue d'une robe, une longue tunique de coton immaculée qui n'est autre qu'un habit traditionnel soudanais, avec des boucles d'oreilles dorées, et pointe un doigt vers le ciel. Sa tenue rappelle "les grands mouvements populaires qui ont contribué à jeter à bas deux régimes militaires, en 1964 et 1985, au Soudan", comme l'indique Le Monde. Une silhouette qui est devenue instantanément iconique.
Sur son compte Twitter, Alaa Salah revient sur ce cliché capturé par la photographe Lana H. Haroun : "Je voulais sortir de la voiture et parler au peuple... dénoncer le racisme et le tribalisme sous toutes ses formes, qui affecte tout le monde. Je voulais parler au nom de la jeunesse. Je voulais m'exprimer et dire que le Soudan est à tous. A chaque fois que les gens répondaient "Révolution!", j'étais encore plus ravie. Nous avons besoin d'un soutien international, que les gens soient prévenus de ce qui se passe et qu'ils comprennent nos exigences."
Alaa Salah est étudiante en ingénierie et architecture dans l'université de Khartoum et se révolte comme ses concitoyen·nes contre le règne d'Omar el-Béchir. Et elle n'est pas la seule. Outre la forte participation des Soudanaises dans les manifestations, et même dans les affrontements contre les forces de l'ordre, d'autres figures féminines se démarquent.
Mariam al-Mahdi, la fille du chef du parti principal d'opposition al-Oumma, est aussi aux premiers rangs de la confrontation avec le gouvernement. Elle avait d'ailleurs été emprisonnée pendant une semaine, en mars, à cause de ses activités politiques.
"Cette présence des femmes sur le front de la contestation du pouvoir d'Omar el-Béchir est d'autant plus notable que le régime, qui s'inscrit dans la lignée idéologique des Frères musulmans, a un discours conservateur sur le chapitre des droits des femmes", explique Jeune Afrique.
Les manifestations à la base nées à cause de l'augmentation du prix du pain demandent aujourd'hui un changement de régime. De nombreux militaires eux-mêmes ont été vus fraterniser avec le mouvement de révolte. Et si l'opposition réclame un dialogue direct avec l'armée pour engager une transition démocratique, cette dernière répond qu'elle ne laissera pas le pays sombrer dans le chaos, comme le rapporte France 3.