On parle ici de l’une des affaires de violences sexuelles les plus importantes en France et François Bayrou l'aurait couverte.
Notre Premier ministre est accusé d'avoir été mis au courant de plaintes pour violences et agressions sexuelles commises par des prêtres et des surveillants à l'encontre d'élèves du pensionnat Notre-Dame de Bétharram dans les années 1990 et de n'avoir rien dit, rien fait. Les faits ont été dévoilés par Médiapart dans une enquête publiée le 5 février.
À ce jour, 112 plaintes ont été déposées par d'anciens pensionnaires de Notre-Dame-de-Bétharram, cet établissement privé catholique situé à Pau, dont François Bayrou est le maire depuis 2014. Selon Mediapart, un collectif d’ex-élèves aujourd’hui adultes a été créé en octobre 2023. Depuis, "les témoignages dénonçant des violences physiques, agressions sexuelles et pédocriminelles commises par des prêtres et des surveillants, ou même entre résidents, s’accumulent sur le bureau du procureur de la République", rapporte le journal. Les accusations portent sur des faits qui auraient eu lieu entre les années 1950 et 2010.
Entre temps, plusieurs scandales ont éclatés concernant le pensionnat et, même s'il affirme le contraire, François Bayrou était au courant. La première fois, en 1996, il était ministre de l’éducation nationale et s'était alors rendu dans les locaux de l'établissement scolaire pour soutenir un parent d'élève. Deux ans plus tard, il rencontrait le juge saisi d’une affaire de violences sexuelles. Mais ce n'est pas tout. Plusieurs de ses six enfants ont été scolarisés dans l'établissement et son épouse y a enseigné le catéchisme.
Et pourtant, dans une interview accordée au Monde en mars 2024, Bayrou affirme qu'il n'était au courant de rien, qu'il n'a rencontré personne, qu'il ne connaissait pas les responsables de l'établissement impliqués dans ces affaires de violences sur mineurs. "C’est vrai que la rumeur, il y a vingt-cinq ans, laissait entendre qu’il y avait eu des claques à l’internat. Mais de risques sexuels, je n’avais jamais entendu parler", a-t-il également juré au Parisien en mars 2024. Des mensonges contredits par les faits et par plusieurs témoignages récoltés par Mediapart qui décrivent plutôt son mutisme lors de ces affaires.
Françoise Gullung, enseignante de mathématiques à Bétharram, a confié au journal Le Point, en juillet 2024, qu'elle avait tenté d’alerter Élisabeth Bayrou, l'épouse de François Bayrou, des maltraitances sur les élèves dont elle a été témoin et d'avoir directement alerté le ministre. "Il a minimisé en disant que j’exagérais sans doute un peu, témoigne-t-elle. Je sais que l’infirmière de l’école lui a aussi écrit des courriers."
Malgré les faits avérés de violences à leur encontre, Mediapart indique que les liens entre François Bayrou et la congrégation des Pères de Bétharram sont restés forts.
À ce jour, le Premier ministre n'a pas répondu aux sollicitations de Mediapart et ne s'est pas exprimé sur ces accusations. Malgré sa nomination à Matignon et l'interdiction du cumul des mandats, Bayrou demeure maire de Pau. Le 16 décembre, devant le conseil municipal réuni à l'occasion du vote du budget, il déclarait : "Je veux continuer à porter les espoirs de cette ville et de cette région". On rit.