Elle s'appelle Sanna Marin. A 34 ans, elle vient de devenir le Premier Ministre de Finlande. Sa nomination ce 10 décembre dernier par le parlement finlandais fait d'elle la plus jeune cheffe du gouvernement au monde. Aujourd'hui, son gouvernement de coalition se constitue de pas moins de douze femmes - pour sept hommes. On pourrait par exemple citer la ministre des Finances Katri Kulmuni (qui n'a que 32 ans), la ministre des Affaires européennes Tytti Tuppurainen, Pekka Haavisto, ministre des Affaires étrangères, ou encore Anna-Maja Henriksson, la ministre de la Justice.
De là à dire que la Finlande est un modèle de progressisme, il n'y a qu'un pas que l'on hésitera pas à franchir. "Je n'ai jamais pensé à mon âge ou à mon sexe. Je pense aux raisons pour lesquelles je me suis lancée en politique et à ces choses pour lesquelles nous avons gagné la confiance de l'électorat", assure cependant la nouvelle Premier ministre à la BBC. Une humilité salutaire, pour un parcours tout aussi admirable.
Issue d'un milieu modeste et élevée seule par sa mère, Sanna Marin est loin d'avoir eu une jeunesse privilégiée, comme le relève la BBC. Ado, afin de subvenir aux besoins du foyer, elle dégote des petits jobs de-ci de-là, offrant ses services à une boulangerie entre deux cours et distribuant les journaux durant ses années-lycée. Malgré cette situation de grande précarité financière, ses proches l'encouragent à poursuivre ses rêves, sans le moindre fatalisme. Et ça marche : Marin sera la première femme de sa famille à aller à l'université, où elle décoche un diplôme d'administration publique. Malgré cette réussite, elle souffre encore des qu'en-dira-t-on et des préjugés, notamment parce que sa mère partage sa vie avec une autre femme.
Mais il en faut davantage pour déstabiliser celle qui deviendra la maire de Tampere (au nord d'Helsinki). Dès l'âge de 20 ans, cette femme très "à gauche" s'engage dans la politique et, deux ans plus tard, se présente au Conseil de Tampere. Résultat ? A 27 ans, elle devient carrément dirigeante dudit conseil.
Cette étoile montante du parti social-démocrate - dont elle devient vice-présidente en 2014 - va progressivement gravir les échelons, jusqu'à occuper au sein du gouvernement finlandais le poste de ministre des Transports et des Communications. Elle deviendra finalement Premier ministre, suite à la démission de son prédécesseur Antti Rinne.
Une nomination exemplaire. Car tel que le relève ABC, la plus jeune cheffe du gouvernement au monde est une source d'inspiration. A l'heure où les violences à caractère homophobe sont encore loin d'appartenir au passé, elle n'hésite pas à évoquer dans la presse les jugements qui pèsent sur les familles monoparentales. En relatant son expérience. "Nous n'étions pas reconnus comme une vraie famille. Mais pour moi, les gens ont toujours été égaux. Ce n'est pas une question d'opinion. C'est le fondement de tout !", dit-elle.
Une modernité saluée sur les réseaux sociaux. "Je voulais juste dire que la Finlande a uns nouvelle Première ministre qui est une femme ET la plus jeune Première ministre du monde ET la plus jeune Première ministre de Finlande ET qu'elle a grandi avec deux mamans. Je ressens tant de fierté", s'enthousiasme en ce sens un internaute. Mais s'il y a de quoi se réjouir, force est de constater que la trentenaire prend les commandes dans un contexte des plus instables, comme le précise le média local News No Finland.
Cette année, la Finlande est effectivement frappée par un mouvement de grève dans le secteur postal, qui devrait s'étendre jusqu'aux plus grandes entreprises. De plus, le parti populiste True Finns ne cesse de récolter de nouvelles voix. Sanna Marin pourrait justement être la réponse idéale à cette menace, si l'on en croit Kristiina Tolkki, journaliste politique de la chaîne nationale YLE. A l'image de son gouvernement, cette working girl injecte du sang neuf dans la scène politique. "Nous avons besoin de jeunes gens qui peuvent être là 24 heures sur 24 et sept jours sur sept, de nouveaux visages", déclare la reporter finlandaise.
Un visage qui suscite déjà - sans grande surprise - les remarques les plus misogynes, tel que le démontre ce tweet édifiant. Sur le web, les machos anonymes qualifient la politicienne de "hottie" ("chaudasse") et ne se privent pas de commenter son physique. Mais face à ce vieux monde croulant, sa victoire fait l'effet d'une cinglante répartie...