Dans le monde du travail, la grossesse n'est pas toujours perçue comme un heureux événement. Si la question "envisagez-vous de faire des enfants ?" est strictement interdite en France lors d'un entretien d'embauche, elle est souvent sous-entendue, ou du moins pensée, lorsqu'une femme qui approche la trentaine recherche un emploi.
Mais même lorsqu'elles ont intégré la boîte, l'annonce de la grossesse reste un passage délicat pour beaucoup de femmes qui craignent d'en informer leur hiérarchie. Stigmatisation, peur d'être mise au placard ou de rater une augmentation.... les raisons sont nombreuses.
Le récent sondage américain "Modern Family 201" réalisé par la société de garde d'enfants Bright Horizon sur 2 143 Américains et Américaines salarié·es et âgé·es de plus de 18 ans, révèle que 21% des femmes qui tombent enceintes craignent d'en informer leurs supérieur·es. C'est presque deux fois qu'il y a 5 ans, indique la société, qui a réalisé un autre sondage sur le même thème en 2014.
L'étude révèle également que 78% des mères actives pensent qu'elles doivent travailler plus dur que leurs collègues pour gravir les échelons de leur entreprise. Paranoïa ? Pas vraiment, puisque 41 % des salarié·es sondé·es estiment que les mères sont moins dévouées à leur travail, tandis que 38 % associent leur besoin d'horaires flexibles à un manque d'ambition professionnelle.
Sans surprise, ces préjugés sont beaucoup moins présents à l'encontre des pères qui travaillent. Parmi les personnes interrogées, 75 % pensent que les pères qui travaillent sont plus dévoués à leur profession que leurs homologues féminines, apparemment indifférents à leur capacité à concilier leurs obligations professionnelles et familiales.
C'est d'autant plus surprenant que les mêmes personnes sondées considèrent que les mères possèdent les compétences requises pour occuper des postes à responsabilité. Parmi les participant·es, 85 % sont d'accord pour dire qu'être mère aide une femme à se préparer aux défis auxquels elle sera confrontée en tant que cheffe d'entreprise.
Soixante-cinq pour cent des sondé·es pensent par ailleurs que les mères qui travaillent sont plus à l'écoute que les pères qui travaillent ou les personnes qui ne sont pas parents, tandis que 51 % s'accordent à dire que les mères sont plus aptes à travailler dans l'urgence et à conserver leur calme en situation de crise.
Il semblerait donc, si l'on se fie à cette étude, que le principal obstacle de la réussite professionnelle des mères tient surtout à des clichés particulièrement tenaces sur une prétendue incapacité à concilier carrière et vie familiale.