Quiconque suit le déploiement annuel des nouveaux emojis proposés par le consortium Unicode connaît ses intentions d'inclusion, ainsi que sa volonté de combattre les stéréotypes de genre. Le but ? Proposer des emojis plus diversifiés destinés à investir les iPhone et Android. Mais ces emojis répertoriés par le site spécialisé Emojipedia (le Wikipedia du genre) suscitent parfois des réactions virulentes.
Preuve en est de l'accueil aujourd'hui réservé à un emoji plutôt original : l'emoji "homme enceint". Une nouvelle figure qui ne plaît pas particulièrement aux conservateurs (doux euphémisme). Ainsi, le Figaro s'émeut de cette trouvaille dans un article citant Orwell, sobrement intitulé "L'émoji de l'homme enceint ou l'alliance du woke et de la Silicon Valley".
"On ne dit pas encore que deux et deux font cinq mais on affirme sans ciller que les hommes peuvent porter des enfants. Anecdotique ? Non, révélateur. Car les émoticônes d'Iphone sont les marqueurs d'une révolution insidieuse des mentalités visant à nous faire accepter une humanité nouvelle, déconstruite et multiculturelle", fustige l'éditorialiste Eugénie Bastié, qui voit là un phénomène négatif.
Mais le magazine n'est pas le seul à s'en indigner.
Ainsi dans l'émission du 31 janvier, l'équipe de Touche pas à mon poste a volontiers critiqué ce nouvel emoji. "À ce moment-là, on va mettre des femmes avec des kikis ?", a notamment réagi la chroniqueuse Kelly Vedovelli. "Ça se barre en couille", a abondé l'animateur Cyril Hanouna. Pour l'équipe de l'émission, un homme trans enceint ne peut "pas exister" et sa transposition en emoji n'est pas souhaitable.
Le magazine des cultures LGBTQ Têtu voit là l'expression "d'une transphobie crasse et d'une fragilité cis", un flagrant "bingo transphobe". "Cyril Hanouna a conclu cet échange de haute volée avec le résultat du 'sondage' de Touche Pas A Mon Poste, se félicitant que 77,6 % des internautes ayant répondu sur Twitter soient d'accord avec son indignation. Et tant pis pour tous·tes celleux qui subissent la transphobie ?", fustige la revue.
De son côté, Libération rappelle à juste titre que la représentation culturelle de l'homme enceint semble être dans l'air du temps : "En septembre, le rappeur queer Lil Nas X s'était ainsi révélé sur Instagram le ventre arrondi, allant accoucher de son bébé... son premier album, Montero", détaille le journal. Un signal positif de l'évolution des mentalités.