Homophobie : "Les droits des minorités n'avanceront plus durant ce quinquennat"
Publié le 14 mai 2014 à 17:27
Par Xavier Colas
Les insultes, menaces ou agressions à caractère homophobe ont explosé de près de 80% l'an passé, selon le rapport annuel de l'association "SOS Homophobie" publié mardi 13 mai. Une libération et une banalisation de la parole et des violences à l'encontre des personnes LGBT nées des mois de contestation contre le mariage gay, selon Didider Lestrade. Interrogé par Terrafemina, le cofondateur d'Act Up pointe notamment des dysfonctionnements au sein des associations et de l'exécutif lors des débats sur la loi Taubira.
Homophobie : "Les droits des minorités n'avanceront plus durant ce quinquennat" Homophobie : "Les droits des minorités n'avanceront plus durant ce quinquennat"© BEBERT BRUNO/SIPA
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Quelque 3 500 récits ou signalements d'injures, de menaces et d'agressions homophobes ont été recensés par SOS Homophobie en 2013. Des chiffres en augmentation de 78% sur un an (1 977 témoignages en 2012), selon le rapport publié par l'association à quelques jours de la journée internationale de lutte contre l'homophobie et la transphobie du 17 mai. La plupart des victimes sont des hommes (76%), âgés majoritairement de 35 à 50 ans (34%).


« Les associations étaient mal préparées aux débats sur le Mariage pour tous »

Le rapport révèle que SOS Homophobie a été particulièrement sollicitée pour pareils faits entre janvier et mai 2013, au moment des manifestations contre le "Mariage pour tous". Une contestation qui a créé le terreau propice à la libération et la banalisation de l'homophobie, selon Didier Lestrade. « Pendant des mois, les manifestants opposés au mariage gay ont eu toute latitude pour exposer leur point de vue. On a entendu tout et n'importe quoi, des théories extrêmes, des insultes et souvent, ça a dérapé », dénonce le cofondateur de l'association Act Up.

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Une poussée de violences et des tensions que le militant engagé en faveur des droits des homosexuels attribue, notamment, à un manque de préparation des associations Lesbiennes, gays, bi et trans (LGBT). « Elles étaient mal préparées à ces débats et n'ont pas fait le travail qu'il fallait », assène-t-il. Et de poursuivre : « Tout le monde savait qu'avec l'arrivée de François Hollande à la présidence de la République, la question du mariage gay serait posée puisque la mesure figurait dans le programme du candidat socialiste. Il aurait fallu mener un véritable travail pour que le débat soit préparé dans les meilleures conditions, tant au niveau local que national ».


« Les droits des minorités n'avanceront plus durant ce quinquennat »

La gestion du dossier par l'exécutif est également en cause selon Didier Lestrade. « Le gouvernement et François Hollande ont organisé les choses n'importe comment. Ce qui est d'autant plus surprenant alors même qu'il s'agissait de la première réforme sociétale du quinquennat et d'un engagement programmatique fort. Or le temps de la discussion aurait dû être beaucoup plus court. Résultat : des mois de paroles homophobes », regrette-t-il. « Nous avons eu l'impression de devenir un os à ronger. Quand un gouvernement connaît des difficultés, il lance un sujet dans l'arène politique pour faire diversion, comme cela a été fait avec les questions d'intégration depuis des années : foulard à l'école, nourriture halal, etc. Les gays se sont retrouvés dans la même position que les minorités ethniques ou religieuses de ce pays. Les droits ne sont plus considérés et on évoque une espèce de "lobby" censé être à la manoeuvre », affirme Didier Lestrade.


« Ce manque de préparation de l'exécutif et la banalisation de la parole homophobe a favorisé l'émergence d'une force d'opposition, à droite et à l'extrême droite, qui n'existait pas jusqu'à présent et qui contribue dorénavant au blocage de toute avancée sociétale », estime le cofondateur de Têtu. Et de voir dans le vote sur le mariage gay « une victoire à la Pyrrhus », avant de d'ajouter : « François Hollande s'est tiré une balle dans le pied. Dorénavant le gouvernement enverra une fin de non-recevoir à toutes les demandes émanant des LGBT ».  Et Didier Lestrade de conclure : « en termes de droits des minorités,  il n'y aura plus d'avancées durant ce quinquennat ».

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Société
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