Sous-vêtements blancs, tennis assorties, Inès Rau a toute l'allure d'un mannequin des années 90. Ce top model transgenre a posé pour la double page centrale du dernier numéro de Playboy, dédié à la mémoire de son fondateur Hugh Hefner (décédé en septembre). A 26 ans, ce mannequin d'origine maghrébine affiche ses courbes longilignes et bouscule donc les codes du magazine. Sur son compte Instagram, Inès Rau affirme que "la nudité ne devrait pas un être un tabou". Et d'ajouter : "Cela signifie beaucoup pour moi, car je suis passée par une transition pour être qui je veux être. Cela n'a rien à voir avec la sexualité, la nudité concerne simplement la beauté du corps humain, qu'il soit féminin ou masculin".
Avec cette publication, Playboy réaffirme sa volonté de s'émanciper des normes cisgenres, dans un pays où rappelons-le, le terme "trans-panic" permet de justifier des crimes commis envers des personnes transgenres ou transsexuelles. Plus précisément, dans 48 Etats américains, les agresseurs ou meurtriers transphobes (et même homophobes) peuvent légalement justifier leurs actes en invoquant une "crise de panique" qu'ils auraient eue en apprenant l'orientation sexuelle ou l'identité de genre d'un individu.
En 1991, le magazine avait déjà offert sa couverture au mannequin britannique transgenre Caroline Cossey. A l'époque, cette dernière avait été violemment attaquée lorsqu'elle avait parlé de sa transition. Sur le point de mettre un terme à sa carrière, la mannequin avait finalement accepté la proposition de Playboy de poser en Une du magazine et d'assumer son identité.
"Ce magazine qui met en avant des stars nues et des femmes sexy était le meilleur support pour montrer que les personnes trans ne sont pas différentes des autres. (...) La portée mondiale des photos et de Playboy ont eu un impact énorme sur le regard et les préjugés que beaucoup avaient sur notre communauté", a-t-elle récemment confié dans un entretien accordé au HuffPost US.
Le 28 septembre dernier, Caroline Cossey avait rendu hommage à Hugh Hefner sur Twitter et l'avait remercié de lui avoir permis de rendre son histoire publique : "RIP Hugh Hefner, merci pour m'avoir permis de partager mon histoire et pour ton soutien et ton support qui m'a aidée pendant ma campagne pour les droits des trans".