Comme souvent, la cérémonie des César qui avait lieu ce 24 février à l'Olympia aura été sans grande surprise, policée et- avouons-le- plutôt ennuyeuse (hormis quelques discours féministes salutaires). Et même si pour sa 48e édition, l'Académie avait tenté un coup de frais avec non pas un·e maître·sse de cérémonie mais neuf, pas de réelle grande révolution lors de ce grand raout annuel du cinéma français.
La soirée aura tout de même connu quelques anicroches. Un classique. Ainsi, on a pu assister à l'irruption d'une militante écologiste de l'association Dernière rénovation (qui a été évacuée manu militari). Mais aussi à un moment de malaise durant le monologue de l'humoriste Jamel Debbouze sur scène.
L'amateur de vannes a ainsi ciblé les films d'auteur qui auraient bien du mal à remplir les salles, contrairement à un Top Gun : Maverick. Et de donner en exemple le long-métrage Avec amour et acharnement de la réalisatrice Claire Denis, dans lequel Juliette Binoche et Vincent Lindon se partagent l'affiche. L'actrice, présente dans la salle, n'a pas hésité à faire part de son indignation (avec le sourire) face au texte de Jamel. Mais sans micro, ses récriminations sont restées inaudibles.
Juliette Binoche a donc voulu s'expliquer sur son compte Instagram afin de développer sa pensée.
"Bravo Benoît, je suis si heureuse pour toi et bravo lumineuse Virginie, une soirée remplie par l'émotion avec l'intervention de Golshifteh, si déchirante", a ainsi débuté l'actrice, félicitant son ex Benoït Magimel et Virginie Efira, tous les deux récompensés d'un César.
"Je n'ai pas pu m'empêcher de me lever au moment où Jamel commençait à ricaner sur les films d'auteur, même avec toutes les libertés que le stand up comics peut prendre, les films d'auteurs sont fragiles, difficiles à faire, nous avons la chance de pouvoir avoir une diversité formidable de films en France grâce aux diverses aides financières que le monde nous envie. Toute diversité doit s'exprimer".
"Non ! Désolé Jamel avec tout le respect et l'amour que j'ai pour toi, et tu le sais, je ne suis pas d'accord pour te laisser dénigrer ce cinéma-là, ni ceux qui prennent le risque de le faire, c'est trop facile. Le cinéma d'auteur apporte un regard singulier, parfois nouveau, des tangentes différentes, qui a parfois des difficultés à trouver son public, qui fait moins d'entrées qu'Astérix, mais qui le trouve aussi. Et c'est bien comme ça. Donc non pas de ricanement. De la tolérance, et un peu d'appréciation des différences", a conclu Juliette Binoche, achevant avec une touche de légèreté : "T'as de la chance que je ne sois pas la soeur de Will Smith (faisant référence à la gifle controversée de Will Smith aux Oscars 2022- ndlr) Morale de l'histoire : on ne peut pas dire n'importe quoi (même aux Césars !? Ben ouais)."
Le message est (probablement) passé.