La Russie prend sa distance par rapport au gouvernement de Bachar Al-asad, mais considère que le départ de ce dernier pourrait provoquer une instabilité et une nouvelle spirale de violence dans ce pays.
« Bachar al asad agit avec du retard et commet de nombreuses erreurs », a souligné le ministre russe des affaires étrangères, Serguéi Lavrov, lors d’un entretien avec la radio Kommersant.fm. Cependant, exiger son départ « n’est pas réaliste » ajoute-t-il, qualifiant de « fausse » l’idée selon laquelle une sortie de crise pourrait être trouvée après son départ.
Pour le chef de la diplomatie russe, une solution au conflit syrien passe impérativement par le dialogue entre les différents protagonistes nationaux, en accord avec une formule déjà appliquée au Yémen avec le soutien des Etats-Unis, des pays du golf persique, de l’Union Européenne et de l’ONU.
Selon Lavrov, il est temps que les différents acteurs internationaux se mettent autour d’une table pour qu’un accord soit trouvé. Il ajoute également que les pays qui traitent le président syrien de « criminel de guerre » doivent aussi donner des pistes de sortie de crise.
La diplomatie russe a usé de toute son influence sur le régime de Bachar Al-Asad, exhortant ce dernier à entamer un dialogue avec les membres de l’opposition. Néanmoins, Lavrov reconnait l’entêtement du régime syrien et souligne l’absence de leviers pour influer sur les belliqueux opposants.
En prenant ainsi ses distances par rapport au régime, Moscou entend laisser une marge de manœuvre pour la suite des évènements. Soulignons que la Russie a des intérêts économiques et militaires importants en Syrie. 78% des armes qui sont importées par Damas durant ces cinq dernières années proviennent de la Russie, selon l’Institut international de l’investigation de la paix de Stockholm. La Russie maintient également la base navale de Tartus, la seule dont elle dispose dans la méditerranée.